Qu'y apprend-on ? Rien de très révolutionnaire, en vérité.
• 72 % des personnes interrogées considèrent l'acte d'achat comme une source de plaisir (dans le peloton de tête :
79 % des 18-25 ans et 77 % des plus de 60 ans).
• Les trois premières causes avouées du plaisir : "Je fais une bonne affaire" (69 %),
"Je ne dépasse pas mon budget" (58 %), "Je vais me servir beaucoup du produit" (54 %).
• Les 18-24 ans privilégient plutôt la "satisfaction d'une forte envie" (26 % vs 18 % en moyenne) à l'utilité du bien (7 % vs 18 % en moyenne) en troisième motif de plaisir.
• Le prix est le premier frein au plaisir d'achat (91 % de l'ensemble, 98 % chez les
18-34 ans). Seul 4 % des personnes interrogées citent en première raison le fait de choisir un produit respectueux de l'environnement. Moins d'un quart le classe dans les trois premières raisons de plaisir. Et seul 40 % considèrent comme un frein au plaisir d'acheter le fait d'avoir des doutes sur les qualités éthiques de la marque, son engagement humain ou environnemental. Ce taux grimpe à 50 % chez les 35-50 ans.
• 80 % des 18-34 ans ont acheté des produits d'occasion (vs 61 % des 60 ans et plus). Les lieux privilégiés pour ce type d'achat : les braderies et vide-greniers, suivis par le Web.
• Selon l'étude, "les ingrédients du plaisir procurés par l'achat d'un produit d'occasion sont les mêmes que ceux de l'achat de façon général."
De cette étude, le président d'Emmaüs France tire cette conclusion : « L'étude révèle que les Français adoptent aujourd'hui un comportement plus responsable face à l'acte d'achat. Les marques et la futilité ont laissé la place à l'achat utile, raisonnable, et dans un budget maîtrisé. Mais le plus intéressant c'est que l'achat d'occasion est entré dans les habitudes, en particulier chez les jeunes. C'est une bonne nouvelle pour Emmaüs, et c'est une bonne nouvelle pour notre société menacée par des modes de consommation mortifères. » Si c'est pas de l'optimisme bourré aux hormones de croissance, ça !
(Sondage effectué en ligne sur un millier de personnes.)
> Les résultats (trop peu détaillés) de ce sondage peuvent être interprétés de toutes les façons imaginables. On y trouve ce qu'on a envie d'y trouver. Un bon point : le neuf descend de son piédestal et n'est plus considéré comme la référence indépassable de la consommation. Est-ce que cela signifie pour autant que la consommation se fait plus intelligente et plus juste ? Ce serait beaucoup s'avancer. La boulimique consommation
e-bayenne (les 80 % de jeunes) doit-elle être considérée comme une avancée, un progrès pour l'humanité ? Franchement, je n'en suis pas certain. On peut par contre se féliciter du développement des sites de dons d'objets, de prêt ou de location entre particuliers (voir un post sur ce sujet il y a quelques mois). Que les gens se fichent de l'éthique dans leur acte d'achat ? Il suffit de voir le peu d'écho des campagnes sur ce thème pour n'être guère surpris. Il y a encore un sacré boulot à faire dans ce domaine. Mais courage, «goutte à goutte, l'eau creuse la pierre », comme dit le proverbe.
La première cause du plaisir (faudrait-il encore définir ce concept de "plaisir". Il faudra qu'on y revienne) d'achat : "je fais une bonne affaire". J'achète pour faire une bonne affaire. Vous avez certainement entendu autour de vous des gens revenant des soldes avouer, avec un mélange de délectation et de remords : "Je ne sais pas ce que je vais en faire, mais c'était pas cher alors je l'ai pris." C'est pas gagné, je vous le dis... C'est pas gagné ! On pourrait aussi parler de cette effrayante "satisfaction d'une forte envie" (viol psychique?), provoquée notamment par les matraquages publicitaires accompagnés de façon confraternelle par les articles dits "de presse". Etc. Il faudra peut-être plus d'une goutte d'eau pour noyer ce système. Ouvre le robinet à fond, camarade !
> Le site d'Emmaüs, sur lequel vous trouverez notamment les résultats du sondage, ICI.
> Un article sur les conditions de travail pas toujours au top des salariés d'Emmaüs, qui étaient en grève en mars dernier, ICI. Depuis, ces salariés auraient eu leurs revendications en partie satisfaites.
Illustration : radicalgraphics.org.
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