Le rapport 2010 sur l'environnement en France a été rendu par le commissariat général au développement durable en juin dernier. Un rapport fait en effet, tous les quatre ans, le point sur la situation.
Extrait du chapitre "Opinions et pratiques environnementales des ménages" :
« Confirmant la tendance observée depuis le début des
années 90, l’environnement est l’un des premiers sujets d’inquiétude des Français. Une enquête Eurobaromètre conduite en août-septembre 2009 dans les 27 pays de l’Union européenne révèle que, parmi une liste de huit sujets, le réchauffement de la planète est le problème le plus sérieux pour le monde aux yeux de
57 % des Français (47 % en moyenne dans l’Union européenne), juste derrière la pauvreté, le manque de nourriture et d’eau potable (80 %). Dans le classement des préoccupations environnementales, le changement climatique est clairement identifié comme le premier enjeu. Les actions attendues de l’État reflètent clairement la hiérarchie des problèmes environnementaux cités par les personnes interrogées. Quand il s’agit de désigner les actions prioritaires que les pouvoirs publics doivent mener, elles citent en premier la lutte contre le réchauffement climatique, la pollution de l’air devant celle de l’eau, des rivières et des lacs. La lutte contre le bruit, la protection des paysages ou la prévention des risques naturels sont moins identifiées comme des domaines d’action prioritaire de l’État. Quand on demande aux Français l’action individuelle par laquelle ils estiment contribuer le plus à la protection de l’environnement, l’élimination et le tri des déchets est massivement retenu (59 %). En matière de réduction de la pollution de l’air ou des émissions de gaz à effet de serre, les individus semblent avoir des difficultés à identifier le périmètre de leur capacité d’action, en dépit des nombreuses démarches d’information sur les gestes individuels à accomplir.
Le plébiscite pour le tri se retrouve dans l’enquête Eurobaromètre réalisée en 2009 sur les attitudes des Européens vis-à-vis du changement climatique. Parmi les personnes qui déclarent agir personnellement dans la lutte contre le changement climatique, les Français sont ceux qui citent le plus fréquemment le tri des déchets pour le recyclage (91 % contre 78 %). En revanche, quand il s’agit de choisir des modes de déplacements « doux » pour l’environnement, les Français, comme les autres Européens, ne sont que 32 % à déclarer le faire tout comme ils sont 33 % à déclarer utiliser moins souvent leur voiture (un peu plus que la moyenne européenne située à 24 %). [...]
Les enquêtes permettent d’observer le décalage entre les opinions et les comportements, même si les personnes interrogées peuvent surestimer le niveau des pratiques environnementales déclarées à travers un mécanisme dit de «désirabilité sociale». Ce résultat, régulièrement constaté, souligne la difficulté d’estimer le rôle de l’opinion des individus dans l’adoption des pratiques environnementales.
8 personnes sur 10 estiment qu’elles peuvent, à titre personnel, jouer un rôle dans la protection de l’environnement selon une enquête Eurobaromètre réalisée fin 2007. Or, cette attitude ne se traduit pas concrètement dans les comportements. Invités à citer parmi une liste de neuf actions celles qu’ils avaient réalisées au cours du mois précédent dans un objectif environnemental, les Français déclarent en moyenne 3,3 gestes contre 2,6 pour la moyenne européenne.
C’est dans le domaine du tri des déchets que les Français s’illustrent particulièrement :
8 personnes interrogées sur 10 déclarent avoir accompli ce geste (contre 6 sur 10 pour l’ensemble de l’Union européenne). Viennent ensuite les actions dans le domaine de la réduction de la consommation d’eau et d’énergie pour lesquelles ils témoignent d’une pratique plus importante que les autres Européens. Ces trois actions relèvent toutefois d’habitudes déjà bien installées comme le tri, ou motivées par un objectif général d’économie, non spécifique à l’environnement, pour ce qui est des consommations d’énergie et d’eau. Choisir des denrées ou des produits locaux, acheter des biens dotés d’un Ecolabel ou réduire l’usage de la voiture sont en revanche des actions plus contraignantes nécessitant de modifier ses habitudes de consommations et de déplacements. Ces actions, qui requièrent une démarche environnementale active des individus, sont aussi les moins répandues : si 3 Français sur 4 se disent prêts à acheter des produits respectueux de l’environnement même s’ils sont un peu plus chers, ils sont seulement 1 sur 5 à déclarer l’avoir fait dans le mois précédent.
[...] Les populations, qui à la fois intègrent le plus de pratiques environnementales et expriment une sensibilité environnementale, appartiennent plus souvent aux classes aisées. L’aisance socio-économique rend les ménages réceptifs au sens collectif («écocitoyenneté», solidarité avec les générations futures) contenu dans les gestes environnementaux. Inversement, les ménages en situation de précarité sociale et économique sont aussi ceux qui éprouvent le plus de réticences à se mobiliser pour des causes collectives. Cela est d'autant plus accentué par le prix plus élevé de certains produits environnementaux.
Des changements d’habitudes limités par la quête du confort
Les décalages observés entre la sensibilité environnementale et l’accomplissement de gestes « verts » sont liés au fait qu’un nombre considérable de nos pratiques quotidiennes sont insérées dans un tissu dense de contraintes. Celles-ci prennent leurs racines dans les modes de vie actuels caractérisés par un accès massif à la « consommation » de biens et de services et un cadre de vie dominé par la ville. Ces contraintes sont plus spécifiquement liées à l’organisation physique des espaces de vie (réseaux routiers, systèmes d’approvisionnement énergétique, télécommunications...), aux modes de vie (rythme de vie, loisirs...) et aux normes sociales. Les transports et la consommation d’énergie constituent des domaines où l’action conjointe de ces contraintes sur les ménages est particulièrement importante. [...] »
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