04/04/2014

Le chômage ou l’autogestion


Lu sur Bastamag (extraits) :

Quand des salariés décident 
de licencier leur patron
Par Patrick Le Tréhondat (31/01/14)


« En 2008, le patron a décidé de fermer notre entreprise de fenêtres à Goose Island (Illinois, États-Unis) et a mis à la porte tout le monde. En 2012, nous avons décidé d’acheter l’entreprise et de licencier le patron. Nous détenons ensemble l’usine et la dirigeons démocratiquement. Voila notre histoire… », peut-on lire sur le site internet de New Era Windows, une entreprise pas comme les autres. 

(...) En février 2012, la direction de Serious Energy annonce subitement la fermeture immédiate de la société et la vente du matériel de production. Cette décision inattendue emprunte les mêmes méthodes que quatre ans plus tôt. Le 23 février 2012, les travailleurs et leur section 1110 occupent de nouveau l’entreprise pendant onze heures. Immédiatement, un réseau de mouvements plante ses tentes autour de l’entreprise pour soutenir les travailleurs, dont les militants d’Occupy Chicago alors en plein développement. (...)

En mai 2009, Armando Robles, président de la section syndicale, et Leah Fried, un salarié de l’entreprise, ont participé à une tournée de meetings dans le pays. Ils se sont notamment rendus dans les studios de GRITtv, une télévision progressiste sur internet, où ils ont participé à un débat avec Naomi Klein et Avi Lewis qui présentaient leur film The Take sur les entreprises récupérées et autogérées en Argentine. Ces derniers leur ont présenté The Working World, une association financière non lucrative de New York qui se consacre à financer le montage de coopératives, y compris en Amérique latine. Le contact est pris, les échanges sont nombreux et intenses entre les syndicalistes et l’association. Ils aboutiront trois ans plus tard. Lorsque la seconde fermeture est annoncée, le syndicaliste Armando Robles déclare tranquillement : « Si personne n’achète la société, nous pouvons créer une coopérative ».

Un droit de préemption sur les machines de l’entreprise est d’abord négocié. Serious Energy accepte de les céder. Le 30 mai 2012, 22 ex-salariés de Serious Energy se constituent en coopérative et offrent à Serious Energy de racheter la société pour 1,2 million de dollars. Ils décident l’égalité de salaire dans la future entreprise, qu’ils nomment New Era Windows (« Fenêtres Nouvelle ère »). Ils s’attribuent un droit de vote égal dans les prises de décision, et s’engagent à verser chacun et chacune 1 0?0€ au capital de la société.
500 ? sont apportés par The Working World.

Avec l’aide du Center for Workplace Democracy, une association de soutien au mouvement coopératif basée à Chicago, une formation à la gestion d’entreprise est dispensée aux coopérants. Les travailleurs organisent le déménagement du site de production à Chicago, ce qui permet d’économiser d’importants frais de loyer. A terme, ce sont 80 salariés qui doivent rejoindre la coopérative. « Nous avons décidé de faire la coopérative parce que nous sommes fatigués que notre vie soit entre les mains de quelqu’un d’autre », explique Melvin "Ricky" Maclin, qui popularise dans différentes villes du pays le projet de New Era Windows et encourage d’autres travailleurs à faire de même.

Si la majorité des coopératives aux États-Unis sont des coopératives de consommateurs (92 %, selon l’université du Wisconsin), il existe actuellement 300 coopératives de production détenues par leurs salariés. Denis Kelleher du Center for Workplace Democracy se réjouit de la naissance de New Era Windows : « Chicago a une très riche histoire de coopératives ouvrières. Au XIXe siècle, la plupart des organisations syndicales étaient engagées dans ce mouvement. Après la disparition des Knights of Labor (première organisation ouvrière américaine fondée en 1869), la plupart des coopératives succombèrent. Mais l’histoire revient. Aujourd’hui, il y a quelques coopératives à Chicago et nous voulons développer cette économie ».

Sur leur site internet, New Era Windows,
les nouveaux coopérants reviennent sur leur histoire :
« En 2008, le patron a décidé de fermer notre entreprise de fenêtre à Goose Island (Illinois, États-Unis) et a mis à la porte tout le monde. En 2012, nous avons décidé d’acheter l’entreprise et de licencier le patron. Nous détenons ensemble l’usine et la dirigeons démocratiquement. Voila notre histoire... Aujourd’hui, nous avons monté cette coopérative ensemble et nous avons décidé de l’appeler New Era, car nous espérons que cela sera une source d’inspiration sur comment on peut créer du travail en Amérique. Chacun peut participer à la construction de l’économie que nous voulons et personne ne doit être traité en élément éphémère ou juste comme un matériau brut pour le business de quelqu’un d’autre. (...)

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Cet article a été initialement publié sur le site Association Autogestion.


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