14/10/2012

Sacco et Vanzetti réincarnés


Du 13 octobre au 29 décembre • Paris
Sacco et Vanzetti,
d'Alain Guyard. Avec Jean-Marc Catella, Jacques Dau.

« Qui ? Les Italiens. Où ? En Amérique. Quand ? En 1927. Les membres de la communauté italienne réfugiée aux Etats-Unis se font discrets, rasent les murs et ne sortent plus la nuit, depuis qu’on les chasse comme du gibier et qu’on torture jusqu’à la mort ses leaders dans les commissariats. Et pourtant, deux hommes se sont levés et ont dit non. Nicola Sacco et Bartolomeo Vanzetti. Ils sont pauvres. Mais ils sont conscients politiquement. Et ils sont fiers. Et ils sont militants anarchistes. Ils refuseront de jouer
le rôle qu’on voudra leur faire endosser.

Alors ils seront exécutés. Deux hommes, qui ont compris que la défense de la pureté nationale, la grande bataille de la civilisation contre la barbarie, de la démocratie contre le terrorisme, tout cela cache mal une vérité bien plus vénale et bien plus vulgaire : il faut, en ces années de capitalisme triomphal sur fond de crise sociale, démanteler le mouvement ouvrier, briser les reins de la solidarité de classe, et dresser les pauvres les uns contre les autres, les faire se tromper de colère, pour qu’ils se haïssent les uns les autres et ne fassent pas converger leur indignation, ensemble, contre les intérêts financiers et les puissances économiques.

J’ai écrit cela pour trois raisons : d’abord, le dispositif "artisanal", qui démolit ces deux hommes en 1927 outre-Atlantique est en train de se planétariser aujourd’hui.
Le sécuritarisme contemporain, industriel et mondialisé, n’est qu’une version "grand écran" de ce qui fut testé sur Sacco et Vanzetti dans l’Amérique de l’entre-deux guerres. Le public ne peut pas ne pas faire les allers-retours. Il y a dans cette pièce quelque chose qui est de l’ordre de la dénonciation politique. Mais aussi, la destinée de ces deux hommes a quelque chose de tragique et d’universel. Deux hommes, deux individus, dressés contre le mensonge et contre les machineries d’Etat qui les broient, et qui paieront de leur vie le prix de l’existence authentique. (…)

Sacco et Vanzetti ne sont pas des idéaux-types. Ce sont des êtres de chair et de sang. Sacco pleure sa famille ; il a peur pour sa fille ; il a peur de flancher. Sacco a peur de mourir, et Vanzetti doit lui faire passer ce cap. Effrayante et admirable leçon d’amitié, où le plus fort doit porter le plus fragile vers la mort, le hisser jusqu’à celle-ci sans qu’il ne craque. Admirable leçon métaphysique où nous apprenons que le vrai courage ne consiste pas à mourir sans crainte, mais, lorsqu’il en a peur, à aider notre frère à mourir
sans cette crainte. » Alain Guyard, 22-11-2007.

Théâtre du Petit Hébertot, 78 bis, bd des Batignolles, Paris 17e. M° Villiers. Du mardi au samedi à 20 h, matinée le samedi à 17h. Durée : 1h20.  28,60 € (fnacspectacles). 
A partir de 15,50 € sur Theatreonline. A partir de 11,50 € (+frais) sur Billetreduc.



« Nicola Sacco dans sa cellule à quelques heures de mourir... La lumière de l’unique ampoule faiblit parce que l’on prépare la chaise électrique à six pas de là… Son compagnon de lutte et d’infortune Bartolomeo Vanzetti apparaît soudain.


Délire dû aux vingt-six jours de grève de la faim ? Hallucination à cause des tranquillisants des médecins auxiliaires de la mort ? Rêve éveillé? Vision ? Qu’importe ! Ils se remémorent leur procès, rejouent les témoignages grotesques, les manipulations et les chantages abjects des policiers et des politiciens.

Ultime rencontre imaginaire de deux frères de combat, que l’on isole, mais qui, au delà des murs se retrouvent en esprit pour franchir ensemble la porte de la mort et rentrer dans l’histoire. L’univers musical forme comme un décor et structure l’espace jusqu’à le tordre. Quelques accessoires et des éléments simples de costumes marqueront, restitueront l’époque. 
Un cri lancé comme un hommage à la Liberté de l’être.» 
François Bourcier, metteur en scène.



La pièce a été éditée 
aux Editions libertaires
collection théâtre, en 2009. 
56 pages, 8 euros.

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