L'Observatoire du nucléaire communique (12.5.11) :
Sécheresse : fort risque
de black-out nucléaire cet été
• La sécheresse exceptionnelle qui sévit déjà menace le parc nucléaire français d'un véritable black-out cet été. 44 des 58 réacteurs nucléaires français sont en bord de rivières et risquent donc de devoir être arrêtés.
« [...] Le parc nucléaire français est un colosse aux pieds d'argile : non seulement il est vieillissant – fin 2011, 21 réacteurs sur 58 auront atteint trente ans de fonctionnement – mais il est fortement menacé par la sécheresse. Il faut se rendre à l'évidence : contrairement à ce qui est souvent affirmé, c'est le changement climatique qui s'attaque au nucléaire et non l'inverse. Alors que des tempêtes peuvent entraîner des accidents nucléaires (le drame a été frôlé à la centrale du Blayais pendant la tempête de
décembre 1999), c'est actuellement la sécheresse qui sévit.
Comme démontré lors des étés 2003, 2005 et 2006, la sécheresse ou la canicule peut contraindre EDF à arrêter de nombreux réacteurs, avec un risque d'un black-out électrique. Un accident nucléaire grave est aussi possible : même arrêté, un réacteur doit être refroidi et une fusion de cœur peut se produire si le débit d'une rivière est trop bas pour assurer
ce refroidissement minimal.
La situation est encore plus critique depuis la fermeture en Allemagne de 7 réacteurs suite à la catastrophe de Fukushima. En effet, contrairement à ce qui est souvent prétendu, c'est la France qui est importatrice nette d'électricité depuis l'Allemagne, et ce en continu depuis 2004. De fait, que ce soit cet été du fait de la sécheresse, ou l'hiver prochain lors des fortes pointes de consommation que connaît la France du fait de la politique absurde
du chauffage électrique, l'Allemagne ne pourra plus sauver la France nucléaire.
Le parc nucléaire français a été sévèrement mis en difficulté en période estivale
à plusieurs reprises ces dernières années. EDF a alors été contrainte d'arrêter
ou de réduire la puissance de réacteurs nucléaires :
• certains étaient devenus impossibles à refroidir :
il n'y avait tout simplement plus assez d'eau dans les rivières.
• d'autres ne pouvaient fonctionner sans réchauffer les rivières
au-delà des limites légales, et ce malgré des dérogations laxistes accordées dans
la précipitation par les autorités françaises le 13 août 2003 et le 23 juillet 2006.
• lors de l'été 2003, EDF a arrosé la centrale nucléaire de Fessenheim (Haut-Rhin),
la température étant trop élevée dans les réacteurs ! [...]
44 des 58 réacteurs nucléaires français sont en bord de rivières : seuls les 14 situés en bord de mer sont à peu près assurés de pouvoir être refroidis correctement cet été. [...]
Il est absolument indispensable de continuer à refroidir des réacteurs mis à l'arrêt. Or, EDF n'a pas envisagé le tarissement de certains fleuves. C'est hélas possible, par exemple sur la Loire, fleuve fantasque dont le débit peut varier de 2000 m3/s en hiver à quelques m3 en été… Des tarissements ponctuels sont même possibles. Certes, les barrages d'EDF doivent assurer un débit minimal, mais pourront-ils suffire si la sécheresse, extrêmement précoce et brutale cette année, continue pendant tout l'été comme c'est d'ores et déjà envisagé par
les météorologues ? [...]
Mais il existe une autre cause potentielle d'accidents nucléaires : si de nombreux réacteurs situés en bord de rivière sont arrêtés, EDF aura la tentation de faire fonctionner
"à flux tendu" les 14 réacteurs situés en bord de mer, et les 4 réacteurs du Blayais situés en bord d'estuaire, avec la tentation de pas arrêter un de ces réacteurs en cas d'incident,
avec le risque que cet incident évolue vers un accident voire une catastrophe. [...]
La supposée "fiabilité" de l'option nucléaire est une nouvelle fois mise à mal...
A) Centrales menacées par un manque d'eau dans les rivières. [...]
Golfech, Civaux, Belleville, Dampierre, Saint-Laurent, Chinon, Chooz, Cattenom,
soit 22 réacteurs au total [...] [précisions sur chacune des centrales dans l'article complet].
B) Centrales susceptibles de violer les limites légales de rejets d'eau chaude.
Certaines centrales ne sont pas menacées par le manque d'eau : il est par exemple
improbable de voir le Rhône à sec, contrairement à la Loire. Mais cela ne les protège pas
pour autant des problèmes : il existe des limites légales aux rejets d'eau chaude dans les
rivières, afin de ne pas détruire irrémédiablement la faune et la flore. Malgré des dérogations fort laxistes accordées par l'Etat à EDF, il est possible que des centrales soient arrêtées car ne pouvant respecter les limites légales, même avec dérogations. Sont concernées les centrales de Saint-Alban, Bugey, Cruas, Tricastin, Blayais, Nogent, soit 20 réacteurs au total. Pour mémoire, lors de l'été 2003, des dizaines d'infractions ont été commises par
ces centrales nucléaires. [...] »
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire