Expo : Jossot, caricatures.
De la révolte à la fuite en Orient
« Gustave Jossot (1866-1951) fut l'un des plus célèbres caricaturistes de la Belle Epoque. Aujourd'hui encore, les dessinateurs satiriques
le reconnaissent comme un maître pour son graphisme étonnamment moderne, la puissance de sa révolte contre l'ordre établi et sa vie partagée entre Orient et Occident. Cette première rétrospective consacrée à cet artiste regroupe aussi bien des dessins satiriques que des affiches, des lithographies ou des œuvres orientalistes. Son humour décapant s’exprime avec une grande force graphique dans plusieurs publications de la Belle Epoque, dont la très célèbre Assiette au Beurre. [...] Le dessinateur s’y attaque aux principales institutions de la société : l’Armée (Jossot, l’antinationaliste qui connaîtra deux guerres mondiales, restera un pacifiste convaincu), la Justice cruelle et inconséquente, dure aux pauvres, indulgente pour les riches. Quant à l’Église, elle cristallise les luttes politiques et intellectuelles de la Troisième République, qui aboutiront à la loi de séparation des Églises et de l’État en 1905. Jossot s’oppose violemment au pouvoir temporel de l’Église et déteste son clergé,
mais ne fait jamais profession d’athéisme. Enfin, la stigmatisation du bourgeois cynique,
vorace et hypocrite l'occupe toute sa vie. Jossot exprime ses idées par des symboles
et décrit des archétypes : il n’attaque pas les responsables du moment,
mais les principes et les rouages du pouvoir, ce qui rend ses dessins intemporels. [...] »
Pour l'expo, est publié Jossot, caricatures.
De la révolte libertaire à l'Islam, de Michel Dixmier et Henri Viltard. Ed. Paris Bibliothèques, diffusion Actes Sud. 192 pages.
LIEU : Bibliotheque Forney, 1, rue du Figuier - Hôtel de Sens, Paris 4e.
par l'un des commissaires de l'expo.
« Je vis en dehors du troupeau ;
je vous fuis tous,
vous, vos bergers
et vos chiens. »
Jossot.
Le fœtus récalcitrant, que Gustave-Henri Jossot avait publié
à compte d’auteur en 1939 en Tunisie.
« "Quand un fœtus récalcitrant ne manifeste qu’un médiocre empressement à sortir des entrailles maternelles, on va quérir
les forceps et, sans tenir compte de ses cris de protestation, on l’introduit dans la vie. Puis on le ligote dans un maillot liberticide tandis que l’auteur de ses jours, flanqué de deux témoins,
se dirige vers la mairie et l’église pour bombarder son rejeton sectateur d’une religion et citoyen d’une patrie, tout en négligeant, bien entendu, de lui demander son avis." Ce sont
les premières lignes du livre de Jossot et, déjà, tout est dit.
Sa verve de caricaturiste anarchiste trouve dans le pamphlet un nouveau moyen d’expression. Dans Le fœtus récalcitrant, il fustige l’éducation traditionnelle par les parents ("des scorpions") ou les enseignants ("des déformateurs de cerveau"). Seule sa vocation artistique, affirme-t-il, lui a permis de réchapper au "dressage". Et son métier de caricaturiste, qu’il analyse avec précision et subtilité, lui semble un remède nécessaire pour "décortiquer les tares d’une société dans laquelle le mensonge est roi" et développer l’esprit critique.
Mais pour conserver ou retrouver une vraie liberté, déclare Jossot, il existe une autre qualité indispensable, l’oisiveté, à laquelle il consacre le second texte de ce livre : l’Évangile de la paresse. Il détaille avec humour mais surtout avec virulence tous les maux engendrés
par le travail, et son corollaire, la cupidité. L’esclavage, l’aliénation, la colonisation,
les applications monstrueuses de la science ou l’épuisement de la nature sont les conséquences de l’activité des industrieux, qui inventent sans cesse de nouveaux besoins pour inciter l’homme à travailler plus encore. [...] »
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Quelques extraits du Foetus réclacitrant sur le site de Jossot :
http://gustave.jossot.free.fr/foetus.html
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