« Le système alimentaire agro-industriel dominant a échoué.
Les promesses du Sommet mondial de l’alimentation de 1996, reprises par l’objectif du Millénaire pour le développement visant à réduire la faim en 2015 ne seront pas tenues.
La faim et l’insécurité alimentaire augmentent. Environ un milliard de personnes
souffrent actuellement de la faim, un autre milliard de malnutrition – avec un manque
important de vitamines et de minéraux – alors qu’un milliard sont suralimentés.
Un système alimentaire global = 3 milliards de victimes !
Les politiques alimentaires mises en place au cours des 20 dernières années
ont été fortement défavorables envers l’agriculture paysanne, qui néanmoins
continue de nourrir plus de 70% de la population mondiale.
La terre, les semences et l’eau ont été privatisées et cédées à l’agrobusiness,
entraînant la migration des membres de communautés rurales vers les villes,
en laissant derrière eux des terres fertiles pour que les entreprises multinationales
produisent des agrocarburants, de la biomasse ou des aliments destinés à l’exportation
pour les consommateurs des pays riches.
Les politiques néolibérales partent de l’hypothèse que la main invisible du marché partagera le gâteau d’une manière efficace et juste. A Davos cette année, les gouvernements du monde ont parlé de conclure le cycle de Doha des négociations de l’OMC en juillet 2011 pour, précisément, sauver le monde des crises alimentaires récurrentes.
En réalité, la crise alimentaire endémique actuelle démontre que la libéralisation accrue des marchés agricoles n’aide pas à nourrir le monde, mais qu’au contraire elle accentue
la faim et contraint les paysans et paysannes à quitter leurs terres.
Les gouvernements ont donc tort.
En effet, les matières premières alimentaires sont entrées en masse sur les marchés spéculatifs, surtout depuis 2007. Pour ces marchés, les denrées alimentaires sont des produits de base dans lesquels les investisseurs peuvent soudainement investir des milliards, ou les retirer, gonflant ainsi des bulles qui éclatent par la suite en semant la misère partout. Les prix des aliments sont élevés, hors de la portée des consommateurs pauvres. Or, les prix payés aux paysans sont bas, ce qui les appauvrît d’avantage. Les gros négociants, les supermarchés et les spéculateurs continuent d’accroître leurs profits au détriment des peuples victimes de la faim.
Le temps est venu de changer radicalement le système alimentaire agro-industriel. La Via Campesina, mouvement représentant plus de 200 millions de paysans et paysannes à travers le monde, propose la souveraineté alimentaire comme moyen efficace et juste de produire et de distribuer de la nourriture dans toutes les communautés, toutes les provinces et tous les pays.
La mise en place de la souveraineté alimentaire signifie de défendre partout l’agriculture de petite échelle, l’agroécologie et la production locale, partout où cela est possible. Elle requière que les gouvernements soutiennent ce nouveau paradigme en donnant aux paysans et paysannes accès à la terre, à l’eau, aux semences, au crédit et à l’éducation,
tout en les protégeant des importations bon marché par la mise en place de stocks publics ou appartenant aux paysans et la gestion de leur production.
La production alimentaire locale et la vente directe du paysan au consommateur garantissent que la nourriture reste en dehors du jeu de Monopoly capitaliste.
Cela la rend moins sujette à la spéculation. En outre, l’agriculture durable permet
la régénération de l’environnement et des sols, protégeant ainsi la biodiversité
et la santé des peuples. Elle est également plus résiliente au changement climatique
et aide à arrêter le réchauffement climatique.
Le 17 AVRIL est une journée spéciale.
A travers le monde, nombreux sont ceux et celles qui se mobilisent pour soutenir les paysans, les paysannes et les ruraux dans leur lutte pour survivre et continuer de nourrir le monde. Cette journée commémore la mort de 19 paysans du Brésil qui furent assassinés alors qu’ils luttaient pour leur terre et leur dignité. Chaque année, plus d’une centaine d’actions et d’événements ont lieu à travers le monde pour défendre un nouveau système alimentaire fondé sur la souveraineté alimentaire, la justice et l’égalité. »
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