Paris • 10-13 juin
ItinErrance, festival de documentaires
Thème de cette année : Marges et Utopies
Une trentaine de films documentaires (longs ou courts, rares ou inédits), un concert et un ciné-concert, deux expos de photos, des installations sonores, carte blanche au cinéma libanais, de nombreuses rencontres après les projections.
EDITO du Collectif Les Yeux dans le monde, à l'origine du festival
« Filmer le réel, rendre compte des états mouvants, du bouleversement de l’histoire et des hommes. Enfreindre les déterminations sociales, politiques ou culturelles pour disposer d’espaces nouveaux, ouverts à des voix singulières. Créer des brèches, des chemins de traverse, contourner par les marges pour mieux contaminer le centre. Parfois expérimental, surgissant dans l’urgence ou travaillant la mémoire, tout un pan du cinéma documentaire maintient cette vocation du 7e art à réagencer le regard, pour laisser place aux élans,
à la révolte, à la subversion.
La programmation de ce 5e festival ItinErrance puise dans ce fond de films en résistance, explorant la question des utopies en marge, des marges en utopie.
Les films des groupes Medvedkine, A Pas lentes du collectif Cinélutte ou l’hommage à Guy Hocquenghem de Lionel Soukaz transmettent le souffle d’un passé fait de luttes collectives. Aujourd’hui, tandis que Sylvain George appelle dans L’impossible, pages arrachées à “brûler une à une les villes endormies”, Fils de Lip de Thomas Faverjon questionne notre vision romantique de certaines luttes passées. Below Sea Level (Gianfranco Rosi, grand prix du réel 2009),
Le chant des oiseaux (Diego et Luca Governatori), Estamira (Marcos Prado) dressent de sublimes portraits d’hommes, de femmes, de groupes, recréant leur monde à l’écart d’une culture dominante.
Au-delà de nos frontières, des anonymes entrent en résistance contre un système cherchant à anéantir toute marge d’autonomie (Cet endroit c’est l’Iran ou Burma VJ
– à partir d’images de citoyens birmans tournées pendant le soulèvement populaire de 2007). Avec la carte blanche libanaise proposée à Nadim Tabet et au festival "Né à Beyrouth", ces films peu ou pas vus en France transportent l’écho d’un pays en perpétuel bouleversement où émerge une création nouvelle présentée ici en regard avec des œuvres du passé, marquées par la guerre.
Que faire ? nous interrogeait déjà Godard dans son manifeste de 1970. Faire des films politiques, ou faire des films politiquement ? A l’image de l’œuvre de Bruno Muel, parrain de ce festival, l’utopie est aussi dans le “faire” : donner une caméra aux ouvriers avec les groupes Medvedkine, porter son regard et son savoir-faire aux luttes à travers le monde (A luta continua, Sangha, Vendredi Saint à Policarpa, Camilo Torres).
C’est aussi dans ce “faire” que les films présentés au festival puisent leur énergie : avec un engagement vital par le temps et l’acharnement à récolter ces images, à les façonner, à les questionner, souvent en marge des circuits de production, ils sont nécessaires parce qu’ils témoignent d’un élan toujours actuel : croire que les images peuvent travailler le monde, le monde travailler les images. C’est pour mieux saisir cet engagement derrière les films que nous les projetons dans un cadre propice aux échanges, à la discussion. Parce que le cinéma est avant tout rencontre, élan et subversion. »
> Lieux : Voûtes, 19, rue des Frigos, Paris 13e. M° Bibliothèque François Mitterrand
(10-12 juin). L'Espace en Cours, 56, rue de la Réunion, Paris 20e. M° Alexandre Dumas
ou Maraîchers (13 juin). Séance : 4 euros. Journée : 9 euros.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire