18/11/2009

Les "Trueques" de retour

Selidaire nous donne des nouvelles des clubs de troc ("trueque") argentins. Selon l'auteur de l'article, E. Carbone, ces clubs seraient en train d'être réactivés, face à la crise économique qui refait surface.

Extraits :
« (...) Le premier Trueque (système d’échange avec des billets, une monnaie locale, les creditos) est apparu en mai 1995. Mais c’est lors de la catastrophe économique, au début de 2002, que les clubs de troc ont connu un essor considérable ; ils se sont développés très rapidement et ont ainsi été une véritable planche de salut pour les classes moyennes, les plus atteintes par la crise. Cependant, nous avons encore en mémoire la débâcle des clubs de Trueques d’Argentine, quand ils ont été inondés de contrefaçons de creditos... Et on croyait le système complètement effondré...

(...) Tout s’échange dans les Trueques : ailes de poulet, pâtes, sucre, farine de maïs, courge, laitue, betteraves, thé, riz... mais aussi coupe de cheveux, vêtements, sac à dos... Et cette forme d’échange de biens et de services, sans utiliser d’argent, n’a jamais entièrement disparu, et même si, après 2002, elle a été réduite, il est toujours resté un petit noyau stable de participants. Au cours de ces derniers mois, l’accélération de l’inflation, le retour à la pauvreté d’une partie de la population et l’incertitude quant à la fourniture de divers produits, a commencé à raviver l’intérêt pour les clubs de Trueques.

Depuis mars 2008, chaque week-end voit le nombre de participants des clubs existants augmenter et de nouveaux clubs se créer. Chaque dimanche, des groupes de voisins se rassemblent pour partager, échanger de la nourriture, des vêtements et des livres. De plus, forts de l’expérience passée, de nouvelles idées, d’autres fonctionnements émergent : projet de cartes à puce non falsifiables ; garder taille humaine aux groupes, afin d’éviter les arnaques de ceux qui comptent sur l’anonymat (fini les grands clubs qui pouvaient rassembler de 10 000 à 20 000 personnes !) ; possibilité d’échanger en creditos, mais également en pesos ou en troc direct, ceci en totalité ou en partie ; établissement de prix de base, pour éviter les abus, dans un sens comme dans l’autre d’ailleurs (exemple : un paquet de sucre coûte 40 creditos) ; échange de biens contre services (travail). »

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> Voir aussi la contribution de Bruno Maillard, du GRESAL (groupe de recherches en sciences sociales sur l'Amérique latine) de Grenoble, intitulé « Essor et faillite des réseaux de “troc” en Argentine : l’échec d’une refondation sociale » (colloque Université de Toulouse, juillet 2004). Il y pointe les forces et les faiblesses structurelles de cette nouvelle organisation des échanges qui, après avoir rassemblé quelque 6 millions de bénéficiaires et 2,5 millions de participants actifs au début des années 2000, avait perdu, en une année (2003), près de 90% de ses adhérents, un club sur cinq disparaissant.

> Pour les hispanophones, voir le site du Réseau global du troc argentin (Red Global de Trueque), avec notamment les 12 grands principes du réseau. Des contributions qui datent plutôt de 2007 (ou antérieures), mais des commentaires qui commencent à refleurir + Possibilité de télécharger les dernières émissions radio du réseau.

> Article de Stéphane Senécal (2004) " Une autre façon d'échanger : exemple du trueque argentin et du trueque de Venado Tuerto".

> Les articles d'Héloise Primavera : ICI ("Que reste-il des monnaies sociales ?" 2007) et ICI ("La monnaie sociale du réseau de troc : une nouvelle donne ?" 1999) .

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