18/06/2024

De la yourte à la cabane : prendre la clé des champs

Comment les modes de vie alternatifs ruraux constituent-ils un contrepoint à la modernité capitaliste ? 

Émission de radio de France Culture, avec :
Geneviève Pruvost,
sociologue des modes de vie écologiques, du genre, du travail et de l’éco-féminisme,
et Sylvia Amar, historienne de l’art et de l’architecture contemporaine.

ARTICLE de présentation : «Yourtes, cabanes, dômes géodésiques… De l’habitat léger aux constructions plus pérennes des écovillages, l'habitat alternatif connaît un certain succès depuis les années 1970, sans qu’il soit possible d’en estimer l’ampleur. Sylvia Amar nous rappelle "après avoir connu une apogée aux Etats Unis puis une certaine désaffection, le mouvement des écovillages revient au Danemark en 1990. Un couple, Robert et Diane Gilman, commande une étude à des chercheurs sur le concept d’écovillages. Ils donnent en 1995 à Findhorn la première conférence internationale sur le concept d’écovillage. Leur approche consiste à mettre en avant une volonté de rupture avec la société, à faire sortir d’un mode de vie polluant et stressant. Ils mettent moins en avant le message politique des années 1970 pour remettre au premier plan de leur action l’idée de communauté et ne se positionnent pas comme anticapitalistes. Malgré tout, ils promeuvent un modèle de simplicité volontaire et de décroissance".

À travers ces autres façons d'habiter et de construire, alternatifs et néo-ruraux retrouvent un lien direct avec la nature. Face à une société de consommation qui conduit à la disparition du travail de subsistance, les populations alternatives souhaitent retrouver leur autonomie en privilégiant les circuits courts et le lien à la terre.

Elles ne vivent néanmoins pas en autarcie, prisant le troc et l´échange de connaissances et dynamisant l’économie des territoires où elles sont implantées. Geneviève Pruvost nous explique "il faut sortir de l’idée selon laquelle les sociétés paysannes de subsistance seraient misérables, au motif qu’on devrait mesurer leur réussite au regard de critères quantitatifs. Les critères de pauvreté ne rendent pas compte du réel niveau de vie des alternatifs, car ils analysent la richesse en terme de possession, pas en terme de nature. Le mode de vie alternatif est un mode de vie de subsistance, mais avant tout d’abondance et de redistribution. Dans la partie ethno-comptabilité de mon ouvrage, on voit que Florian et Myriam vivent dans leur yourte comme des paysans. Je souhaitais renverser l’image d’écolos bobos et menant le complet inventaire de leurs ressources, pour voir comment ils joignaient les deux bouts. Ils n’ont pas d’autres ressources que la vente de leur pain, des œufs d’une cinquantaine de poules, des agneaux et de veaux".

Qu'ils vivent dans les écovillages, nés dans les années 1990 dans le sillage des communautés intentionnelles et néo-hippies des années 1970, ou dans des habitats individuels, les alternatifs rencontrent aujourd´hui encore de nombreux obstacles. Plan Local d'Urbanisme contraignant, répression, difficile accès à la terre… Les défis restent nombreux pour que de nouvelles formes d’habitat puissent éclore.

> Article et émission de France Culture du 18 juin 2024 lisible et écoutable ICI.

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