09/04/2020

« Nous avions peu, nous n’avons plus rien »

Lettre ouverte de la Campagne de Réquisition
d’Entraide et d’Autogestion – CREA

Toulouse, 7 avril 2020

Nous, membres de la Campagne de Réquisition d’Entraide et d’Autogestion,
réquisitionnons plusieurs bâtiments des villes de Paris et Toulouse, depuis plus de 9 années. Ces bâtiments sont nos maisons, où depuis peu, se « confinent » plus de 250 personnes, dont plus de 60 familles avec enfants. Sans logement, souvent sans papiers, pauvres et précaires, pris dans le labyrinthe des institutions, nous avons décidé de nous organiser ensemble, déterminés à vivre dignement et par tous les moyens nécessaires.

La pandémie qui traverse actuellement le pays nous frappe de plein fouet. Nous, les sans-droits, les personnes sans papiers, ceux qui ne savent ni lire ni écrire, ceux qui galèrent en foyers, en CRA ou en prison, ceux qui continuent à risquer leur vie au travail, les oubliés de la rue ou des HLM : nous tous et toutes, les pauvres, sommes conscients que nous serons les grands perdants du jeu de l’unité nationale. Les quelques mesures d’urgence fièrement annoncées ainsi que leurs grands discours ne sont que des cache-misère, qui ne correspondent en rien à la réalité de l’urgence sanitaire et sociale. Tout le monde sait que nous sommes ceux qui allons manger ce virus en pleine gueule.

Nos vies ont basculé le premier jour du confinement, ce 17 mars 2020. Nous avions peu, maintenant nous n’avons plus rien. On survivait, maintenant on crève de faim. Les fermetures brutales des réseaux d’aides alimentaires, des cabinets d’avocats, des écoles, des cabinets médicaux, des bureaux d’aide sociale nous plongent dans des situations de grande détresse et nous rendent encore plus démunis. Alors, de fait, nous sommes obligés de nous exposer, que l’on soit malades ou en bonne santé, sujets à risques ou âgés. Aller chercher les devoirs à l’école, car sans ordinateur ni imprimante ; sortir faire des courses quotidiennement, car sans revenus qui nous permettent de voir plus loin ; sortir pour récupérer quelques vivres distribués par les réseaux d’entraide, courir après les petits boulots non déclarés, voilà à quoi nos quotidiens sont contraints, tout ça dans la peur de subir la police, ses contrôles et ses violences auxquelles nous sommes trop habitués. Nos enfants prennent encore plus de retard sous nos yeux impuissants : abandonnés des suivis pédagogiques et du soutien scolaire. Nos corps se meurtrissent encore un peu plus sans possibilité d’accès aux soins. Mal-logés et mal-nourris, nous ne pouvons compter que sur ceux pour qui la solidarité n’est pas un « élément de langage et de communication », dépendants de leurs possibilités d’action au jour le jour. (...)

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