29/05/2018

Les Guarani du Brésil menacés par les fermiers



Lu sur Survival International :

« Pour les Guarani, la terre est à l’origine de toute vie. Mais les invasions violentes des fermiers ont dévasté leur territoire dont la plus grande partie a été spoliée. Les enfants souffrent de malnutrition et leurs leaders sont assassinés. Ces dernières années, des centaines de Guarani, hommes, femmes, enfants, se sont suicidés. (...) Depuis la colonisation, les Guarani du Mato Grosso do Sul ont été pratiquement dépossédés de toutes leurs terres. Plusieurs vagues de déforestation ont transformé leur territoire ancestral, autrefois fertile, en un vaste réseau de fermes d’élevages et de plantations de canne à sucre destinées au marché brésilien d’agrocarburants (le Brésil est l’un des premiers producteurs de biocarburant au monde).

De nombreux Guarani ont été regroupés dans de petites réserves
qui sont aujourd’hui surpeuplées de manière chronique. Dans la réserve de Dourados par exemple, 12 000 Guarani vivent sur moins de 3 000 hectares. La destruction de la forêt a rendu impossible leur pratique de la chasse et de la pêche et il n’y a pas assez de terres pour y cultiver des plantes comestibles. La malnutrition représente un grave problème et a causé la mort de 53 enfants guarani depuis 2005.

Le Brésil est depuis des années l’un des leaders mondiaux de la production d’agrocarburants.
Les plantations de canne à sucre sont établies depuis les années 1980 et dépendent fortement de la main-d’œuvre indigène. Leurs conditions de travail sont épouvantables. Une compagnie de production d’éthanol a été fermée par les autorités après qu’on eut découvert qu’elle employait plus de 800 Indiens dans des conditions proches de l’esclavage. De nombreux Indiens sont forcés de travailler dans les plantations et s’absentent de leurs communautés pendant de longues périodes; les conséquences sur la santé et la société guarani sont désastreuses. Les maladies sexuellement transmissibles et l’alcool ont été introduits par les travailleurs de retour chez eux et les tensions et violences internes ont augmenté.

Dans le seul Etat du Mato Grosso do Sul, 80 nouvelles plantations de canne à sucre et distilleries d’éthanol sont prévues, dont la plupart sur la terre ancestrale revendiquée par les Guarani. Les Guarani du Mato Grosso do Sul sont victimes de racisme et de discrimination et sont harcelés par les officiers de police. On estime que plus de 200 Guarani sont en prison avec peu ou pas d’accès aux conseils juridiques et à des interprètes, piégés dans un système judiciaire qu’ils ne comprennent pas. Beaucoup d’innocents ont été condamnés. Nombre d’entre eux subissent de lourdes peines pour des délits mineurs. (...)

Marcos Veron, âgé de 70 ans, était le leader de la communauté guarani-kaiowá de Takuára. Durant 50 ans, sa communauté a tenté de récupérer une petite partie de son territoire ancestral après qu’un riche Brésilien l’ait transformé en une immense ferme d’élevage. La majorité de la forêt qui recouvrait autrefois ce territoire a aujourd’hui disparu. En avril 1997, désespéré d’avoir vainement fait pression sur le gouvernement pendant des années, Marcos décida de retourner avec sa communauté sur les terres du ranch. Ils commencèrent à y reconstruire des maisons et à y planter des jardins.

Mais le fermier qui avait occupé leurs terres porta plainte et un juge ordonna l’expulsion des Indiens. En octobre 2001, plus d’une centaine de policiers armés et de militaires expulsèrent à nouveau les Indiens qui finirent par s’installer sous des bâches en plastique le long d’une route. (...) En 2003, alors qu’il tentait pacifiquement de retourner sur sa terre, il fut sauvagement frappé par les hommes de main du fermier. Il mourut quelques heures plus tard. Suite à une audience qui s’est tenue début 2011, les trois hommes jugés pour son assassinat ont été acquittés d’homicide, mais reconnus coupables de crimes mineurs liés à l’attaque. (...) »

> Pour en savoir plus sur les Guaranis et les aider.

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