26/09/2015

GartenCoop, un jardin collectif
et solidaire à Fribourg



« Cultiver en protégeant la nature, 
entreprendre solidairement »
« La Gartencoop de Freiburg, en Allemagne, est un exemple réussi de mise en œuvre d'un modèle d'agriculture solidaire. La coopérative est riche de 280 membres qui se partagent la responsabilité d'une ferme en périphérie de la ville et qui supportent ensemble les coûts et les risques d'un projet agricole. La totalité des récoltes – bonnes ou mauvaises, droites ou tordues – est distribuée à tous ses membres. Ce projet multi-facettes combine entre autres : une agriculture biologique et cohérente, le respect des saisons, l'utilisation de variétés paysannes non-hybrides, des distances et des circuits courts, l'économie solidaire, la propriété collective, l'éducation, et la reprise en main de l'agriculture par ceux qui la font et en vivent. »

LU sur la page FR de Gartencoop :
En 2009, un groupe très motivé de 20 agriculteurs-trices, étudiant-e-s, militant-e-s sociaux et écologiques se constitue et décide de prendre en main son alimentation. Inspiré entre autres, par les Jardins de Cocagne à Genève, il crée une association d’agriculture solidaire, notre GartenCoop.
Après deux années à la recherche de terres exploitables, nous pouvons démarrer notre production maraîchère en février 2011 à Tunsel, à 20 km de Freiburg. Fonctionnant en économie collective et solidaire, la GartenCoop approvisionne ses 280 membres en légumes biologiques en pratiquant une agriculture respectueuse des sols et de l’environnement.

coopérative bio

Partage des coûts et des moyens de production
Chaque participant choisit librement sa contribution financière aux charges annuelles. Celui qui a de faibles moyens paiera moins que la moyenne théorique, et celui qui le peut paiera plus. Le but est qu'au moment du bilan, le total des contributions corresponde à la totalité des dépenses prévues. Ce principe offre une plus grande sécurité et un salaire décent aux agriculteurs. C’est ainsi que se crée une communauté variée et solide indépendamment des moyens de chacun. La communauté ne paie pas pour acquérir des légumes, mais bien pour rendre possible une production durable et solidaire. Il s'agit d'une économie planifiée par le bas, centrée sur les besoins et le long terme. Les légumes perdent leur prix et retrouvent une valeur vraie. La coopérative achète collectivement ses moyens de production. Chaque membre accorde un crédit direct et sans intérêts à la coopérative pour financer l'équipement. Chacun récupère son crédit s’il quitte la communauté.

La terre, un bien commun
Nous considérons la terre et le bâti comme des biens communs dont nous sommes responsables de l’usage. Ces biens ne devraient pas pouvoir être vendus ou soumis à la spéculation. Locataires pour l'instant, nous envisageons d'acheter collectivement les terres en utilisant là aussi un système de crédits directs. Nous étudions actuellement une forme juridique qui devra assurer le maintien des terres agricoles. L'idée s'inspire d'une coopérative de logements locatifs, le « Mietshäuser Syndikat », qui a extrait du marché spéculatif et collectivisé plus de 80 immeubles durant ces 20 dernières années.

Une agriculture biologique et préservant l'environnement
La GartenCoop est pour nous l’occasion de mettre en œuvre et de développer une agriculture biologique conséquente. Il nous est important de favoriser la fertilité de la terre, d'utiliser exclusivement des semences paysannes et de mettre en place un cycle agricole autofertile.
L'objectif est de réaliser une agriculture respectueuse de l'environnement par une utilisation raisonnable de l’énergie et de l'eau et par la réduction des trajets. Cela implique le renoncement aux serres chauffées et aux magasins réfrigérés, et le développement d’une alimentation saisonnière comportant une part végétale plus large et une part animale moindre.


Partager les bonnes et les mauvaises récoltes
Par ce principe de coopérative solidaire et autosuffisante, la ferme n’est pas soumise au stress et aux pressions du marché. Les risques de production, mauvaise récolte, mauvais temps, maladies ou parasitages, sont portés par la communauté. La ferme est ainsi soutenue par tous les membres.

Partager le travail et les savoir-faire
La production et la distribution de denrées alimentaires pour plusieurs centaines de personnes demandent des compétences techniques, de l'expérience, une bonne organisation, et cela dans la continuité. En réponse à ces exigences fondamentales, la coordination des cultures est assurée par une équipe professionnelle et expérimentée en culture biologique de qualité. Les membres ne participent pas uniquement par leur apport financier à l’existence de la GartenCoop. Ils s’engagent aussi à participer sur cinq demi-journées par an aux travaux de la ferme dans le cadre de journées de travail coordonnées.
De nombreux travaux tels que binage, récoltes, répartition de la production, etc. sont effectués collectivement. L’équipe professionnelle se donne comme mission de former les membres afin qu’ils puissent être autonomes dans leurs activités.

Distribution en trajets courts, CO2 réduit
Chaque semaine, la récolte est mise en caissettes et transportée en ville par des volontaires aux différents points de distribution. Ceux-ci sont créés dans les quartiers par des groupes de membres et chacun vient y chercher sa part. Les caissettes sont réutilisées et les livraisons en ville se font à bicyclette au moyen de remorques. Seul, le trajet de la ferme à un point de transbordement est effectué au moyen d’une camionnette louée en car-sharing.

Récupérer les terres (Reclaim the Fields)
Nous appartenons à un mouvement mondial qui, au travers d’alternatives à l'agriculture conventionnelle, présente diverses voies pour une sortie de crise. Nous sommes en contact avec des projets similaires à un niveau interrégional. « Les Jardins de Cocagne » à Genève, une coopérative qui produit depuis plus de 30 ans des légumes pour plusieurs centaines de personnes, ont été l’un de nos inspirateurs.

Et l’avenir ?
Depuis le lancement de la GartenCoop en 2011, deux autres projets sont nés dans la région de Freiburg. Près de mille personnes vont bientôt constituer un nouveau réseau local, solidaire et autonome d'alimentation écologique. L’intégration d'un paysan-boulanger est envisagée. (...) Petit à petit, en continuant de faire ce qui est faisable, nous développons “la stratégie des concombres tordus”, une construction de communautés solidaires, diverses et radicales pour la sauvegarde d'une agriculture paysanne qui est en voie de disparaître.

L'agriculture écologique du futur doit être capable de formuler des buts relevant de l’utopie si elle ne veut pas mourir de compromis déclarés “bio”.

> VOIR LE FILM "La Stratégie des concombres tordus" (2013), 
qui présente les activités de la coopérative.
> Lire aussi l'article de Campagnes solidaires reproduit par Bastamag.

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