07/06/2015

Au sommaire de "CQFD" de juin

Dossier : "Libérons les terres !"
À l’heure même où ce clinquant numéro de CQFD sort des presses, les sinistres actionnaires du groupe Bolloré sortent de leur assemblée générale annuelle et des milliers de paysans sortent d’une série d’occupations de plantations en Afrique de l’Ouest. C’est que le fleuron entrepreneurial français possède plus de 100 000 hectares de plantations industrielles sur le continent. Rien qu’au Cameroun, 6 000 paysans ont vu 40 000 hectares de leurs terres accaparées par les appétits fonciers de Bolloré. Révoltes villageoises, blocages des plantations, et aujourd’hui occupations, jalonnent depuis deux ans un rude combat mené par ces paysans expropriés. Mais cette lutte n’est que la face émergée d’un phénomène qui s’est généralisé depuis la crise financière de 2008 : l’accaparement des terres agricoles des pays du Sud par des groupes financiers et certains pays (Qatar, Émirats arabes) à des fins spéculatives.

Plus discret et plus complexe, en France, l’accaparement des terres se manifeste sous de multiples visages. En trente ans, les surfaces urbaines ont augmenté de plus de 40 %, avalant des kilomètres de terres agricoles pour toujours plus de zones pavillonnaires sordides et autres « zones d’activités ». Cette bétonisation généralisée est partie pour s’amplifier dans les années à venir. Dans leur projet de réforme territoriale, les socialistes ont voté l’an dernier la « loi de modernisation de l’action publique territoriale et d’affirmation des métropoles », dite loi Mapam. Il s’agit entre autres de créer par décret des métropoles de plus de 400 000 habitants, futurs porte-avions de la croissance. Nos campagnes ne seront plus à terme que des espaces récréatifs pour urbains en mal de nature ou des zones de production industrielle au service de villes-monstres.

• « L’accaparement des terres est un nouveau visage du colonialisme » > Le journaliste italien Stefano Liberti a enquêté plus de deux ans sur l’accaparement des terres agricoles dans les pays du Sud. De l’Éthiopie à la Bourse de Chicago en passant par l’Arabie Saoudite, il a rencontré des investisseurs, des paysans et des fonctionnaires, tous acteurs ou victimes d’une ruée mondialisée vers les terres arables.

• Entre le marteau de la métropole et l’enclume de l’agro-industrie : Politiques de terres volées > Depuis quelques années, le phénomène d’accaparement des terres a pris de l’ampleur, et avec lui ses conséquences désastreuses, notamment sur le continent africain et en Europe de l’Est. En France, on ne connaît pas pour l’instant d’investissements massifs visant les terres de la part des grandes entreprises multinationales. Pour autant, on peut bien parler de confiscation du foncier agricole, qui se développe de différentes manières, plus ou moins insidieuses. Petite typologie.

• Une réforme agraire contre la concentration des terres ? : Le nerf de l’agraire > Reprendre la terre aux grands propriétaires pour la redistribuer aux sans-terre. Si l’idée même de réforme agraire est peu présente au sein du mouvement paysan, le collectif breton « École Paysanne 35 » tente de remettre la collectivisation des terres agricoles au centre des débats. Reportage.

• Des ZAP pour zapper la spéculation > En France, des propriétaires terriens laissent en friche leurs parcelles à des fins spéculatives – alors que les terres agricoles se raréfient. Michel Apostolo, responsable de la commission foncière à la Confédération paysanne, a participé à une action de remise en culture de terres dans le Vaucluse. Rencontre.

• « Renouer avec un imaginaire d’autonomie » > Clin d’œil à Reclaim the streets, mouvement anglais des années 1990, Reclaim the fields a mené des actions d’occupations face à divers projets d’aménagement.

LES ARTICLES
Contrôle social : La chasse aux fraudeurs est ouverte > Véritable gimmick du quinquennat sarkozyste, la lutte contre la fraude sociale trouve un nouveau souffle sous le gouvernement hollandais.

Mexique : Une guerre ? > « Que faut-il faire pour que vous parliez de nous ? Casser des vitrines ? » Ainsi nous houspillait Omar García lors d’une conférence de presse.

Social : Nouveaux thés chez les ex-Fralib > Le thé et les infusions des ex-Fralib « éveillent les consciences et réveillent les papilles ».

Royaume-Uni : Working class zero > Le must de l’économie dérégulée ? Le « zero hour contract » (contrat « zéro heure ») britannique, qui prive 700 000 salariés britanniques de la garantie d’une durée minimale de travail. Le mythe de la flexibilité, répété à l’envi par les élites politiques, entretient une régression sociale que le nouveau gouvernement Cameron soutient avec une poigne de fer.

Médias libres : L’ordre règne dans la ville rose  ! > Le site « Information anti-autoritaire Toulouse et alentours » (Iaata) est dans le viseur des autorités depuis le début du mois de mai. Surprise ! c’est par la presse que l’équipe apprend que la plateforme d’infos qu’elle anime est poursuivie en justice et que son prétendu administrateur a été placé en garde à vue… Reportage.

Littérature : Twain, le Yankee et Camelot > Fin XIXe siècle, Mark Twain publie Un Yankee du Connecticut à la cour du roi Arthur. A travers un voyage dans les temps de la légende arthurienne, le célèbre conteur américain saisit l’occasion de moquer les possédants de son époque.

Marseille : Rentabiliser la misère > Durant l’été 2014, le Samu social de Marseille a tenté de mettre en place une carte de secours individuelle destinée aux sans-abri. Cette nouvelle tentative de fichage des pauvres a été mise de côté, fin 2014, en partie grâce à la mobilisation des travailleurs sociaux. Pour combien de temps ?

LES CHRONIQUES
Mais qu’est-ce qu’on va faire de… Maud Fontenoy ? > Sortez les avirons et souquez ferme.

Réédition : Emmett Grogan  : What a (mytho) man  ! > « Emmett Grogan n’existe pas, c’est un canular, terme générique désignant un héros existentiel de notre temps », s’exclament les Diggers, cette bande d’activistes déterminés à transformer le théâtre en art insurrectionnel dans le San Francisco de 1966.

Cap sur l’utopie : Nous voulons faire zig zig > Marcel Nuss, auteur de En dépit du bon sens - Autobiographie d’un têtard à tuba (Éditions de L’Éveil), atteint d’une amyotrophie spinale carabinée nécessitant une assistance non-stop, exige le droit à l’utopie sexuelle immédiate.

C’est une Maison Verte… > Lieu d’accueil et d’écoute pour la petite enfance à Marseille depuis 29 ans, une Maison Verte est menacée de fermeture par le Centre communal d’action sociale (CCAS), de plus en plus avide question «  phynance ». Petite visite.

> Le site de CQFD.

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