24/12/2014

Quelles alternatives pour quelle société ?


A lire sur La Brique.net, un intéressant point de vue non consensuel et autosatisfait sur Alternatiba, à partir de l'exemple de Lille. Pour faire surgir le débat et s'interroger sur l'évolution de ce type de manifestation.

ALTERNATIBA, mais alternative à quoi ?
Organisé en octobre dernier, le village Alternatiba cherchait à fédérer les initiatives locales opposées au « réchauffement climatique et aux inégalités sociales ». L’événement date un peu, mais méritait bien qu’on y revienne. Pas seulement parce qu’il a drainé plus de 10 000 personnes: aussi parce qu’entre les cours de sophrologie et la «valorisation des cartouches d’imprimante dans un jeu interactif », la fameuse « alternative» a eu bien du mal à exister...

(...) C’est que le projet Alternatiba lui-même est ambigu : tantôt il se donne à voir comme une mobilisation opposée au « système » dans son ensemble, tantôt comme un mouvement qui se concentre sur la seule question climatique. S’agit-il d’un pur projet d’écolos « citoyens», ou d’un objectif à la portée politique plus vaste et radicale ?
Difficile de se faire très vite une idée nette. 

(...) Reste alors à regarder le village Alternatiba tel qu’il s’est effectivement déroulé les 4 et 5 octobre dernier. Sauf que lorsqu’on observe de près son programme, on peine à retrouver la trace des dites « inégalités ». Au sens propre : le terme ne figure nulle part (!) dans la description de la grosse centaine d’ateliers qui figure sur le site de l’initiative. Est-ce à dire qu’il n’en a jamais été question ? Sans doute pas. Le programme évoque bien la question du revenu garanti, celle du libre échange, annonce les propositions du collectif pour une gestion publique de l’eau, ou discute l’hypothèse d’une monnaie locale. 

Mais, de fait, l’essentiel du discours Alternatiba apparaît vite comme un discours sans adversaire. Tout y est présenté comme « positif », sans que ce à quoi il faut être «alternatif» n’apparaisse nulle part. Sur les 76 stands et ou initiatives que comporte la journée du samedi, une seule renseigne sur le nom de l’un des responsables du capitalisme globalisé (Stop Tafta). Par contre, six d’entre eux se proposent de rendre nos bébés, ou tout au moins leurs parents, un peu plus heureux (atelier de découverte du portage de bébé, etc.). Rien de criminel en soi. Mais la programmation décalque souvent plus les préoccupations des bobos trentenaires qu’elle n’esquisse de vraies priorités politiques.  (...) 

Car est-il vraiment « alternatif » de proposer pas moins de 37 ateliers consacrés au « bien être » ? Est-il vraiment utile d’accorder tant de place au Qi gong, à la « gestion du stress », à la danse méditative, au reïki, à la réflexologie plantaire, à la naturo-phtyo ou toute autre forme de « thérapie»? « Il y a sûrement du réconfort à trouver dans des démarches très personnelles, mais quid des raisons collectives qui nous mettent dans ces états ? » Le (très bon) blog écologie-politique.eu tenu par Aude Vidal est pris des mêmes hallucinations que La Brique.

(...) Alternatiba revendique un « logiciel radicalo-pragmatique », dont on peine à retrouver le versant « radical ». Surtout qu’à trop refuser de mettre les étiquettes partisanes en avant, et malgré quelques tentatives avortées, les débats contradictoires n’ont presque pas existé. (...)

Et, au fait, La Brique.net, c'est quoi ?

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