11/12/2014

Mexique : le monde d’en-bas resurgit

zapatistes
A lire sur La Voie du Jaguar (extraits) :
Dans le Mexique d’Ayotzinapa : quand le monde d’en-haut s’effondre, écouter les voix d’en-bas
« Vous avez entendu ? 
C’est le bruit de leur monde qui s’écroule, 
c’est celui du nôtre qui resurgit. » 
Communiqué de l’EZLN, 21 décembre 2012.

Depuis deux mois, la situation au Mexique – où les massacres, les disparitions forcées et la violence massive de la supposée « guerre contre le narco » n’ont pourtant rien d’inédit – est devenue littéralement intenable. L’atrocité d’Iguala est connue de tous. Dans la nuit du 26 au 27 septembre dernier, les policiers de la troisième ville de l’État du Guerrero tirent en rafales sur plusieurs autobus transportant des étudiants de l’école normale rurale d’Ayotzinapa (et, dans la confusion, sur un autre où voyageait une équipe de football juvénile), faisant de nombreux blessés graves et tuant six jeunes gens – l’un d’eux retrouvé torturé, les yeux et la peau du visage arrachés –, tandis qu’une seconde attaque, perpétrée au moment où les survivants tentaient d’informer des journalistes locaux, mène à la disparition de quarante-trois étudiants, conduits au poste de police, jetés dans des camionnettes officielles, puis remis aux sicaires du cartel « Guerreros Unidos », sans qu’on sache, de manière absolument certaine, ce qu’ils sont devenus depuis.
(...)

Nous gouverner nous-mêmes ? Comme l’ont dit les zapatistes, le 15 novembre à Oventic, « la transformation réelle ne sera pas un changement de gouvernement ; mais de relation, dans laquelle le peuple commande et le gouvernement obéit ». Il s’agit par-là de transformer radicalement la nature des tâches de gouvernement et la manière de les réaliser. Mais – et c’est sans doute ce que le « faire par nous-mêmes » exprime de manière particulièrement ample – la question des formes de gouvernement ne saurait être dissociée du fait, essentiel, qu’il s’agit d’organiser les formes de vie qui sont les nôtres, celles des communautés, celles qui permettent à tous de mener une vie digne.

Expliquant la formation des conseils municipaux populaires, l’un de ses promoteurs indique : « La politique n’est pas l’affaire de quelques-uns. Nous disons un non clair et net à la politique liée à l’État. Il y a un autre type de politique que nous pouvons appliquer nous-mêmes, la politique d’en-bas, celle des gens ordinaires » (La Jornada, 1er décembre 2014). Et cela, ajoute-t-il, répond à une impérative nécessité que chaque parent, chaque étudiant d’Ayotzinapa peut résumer de façon extrêmement simple : que jamais ne se reproduise ce qui s’est passé le 26 septembre, à Iguala.

Ce que les zapatistes avaient exprimé le 21 décembre 2012, le « jour de la fin du monde», semble trouver toute sa pertinence aujourd’hui. Il s’agit d’écouter le sens du moment que nous vivons, quand le monde du pouvoir se délite, tandis que le monde d’en-bas resurgit. Il dépend de nous d’entendre et de faire résonner la force de ce moment, de ne pas permettre que le monde d’en-haut, en s’effondrant, étouffe et détruise ce qui, en-bas, veut naître et grandir.
Le Pouvoir a fait disparaître les étudiants ; maintenant, c’est à lui de disparaître.

> LIRE l'article de Jérôme Baschet sur la situation au Mexique, en entier.

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