13/05/2014

Ils l'ont fait


"Aymare. Une collectivité anarchosyndicaliste espagnole dans le Lot", d’Olivier Hiard
« En 1939, nombreux sont les Républicains espagnols à rejoindre la France, fuyant la guerre et le fascisme après la chute de Barcelone. Accueillis dans des camps de fortune à l’hygiène déplorable et aux conditions de vie précaire, ils s’organisent pour survivre. Parmi ces républicains, des anarchosyndicalistes de la 26e division (ex-colonne Durruti) vont être exfiltrés de ces camps pour rejoindre le Lot. Ils vont être accueillis dans la propriété de Maître Berthon, avocat et ancien député de la Seine.

Cette propriété, qui porte le nom d’Aymare, située en Haute-Bouriane, est vendue au cours de cette année 1939 au Mouvement libertaire espagnol (MLE) et permet à des familles de s’y installer. Cet épisode est de courte durée car la guerre balaie sur son passage ce havre de paix. Seuls quelques réfugiés y séjournent durant le conflit, permettant au MLE de conserver intact le lieu. En 1948, une poignée d’anarchosyndicalistes du MLE épaulés par la CNT reconstituée de l’exil, décident alors de créer la collectivité libertaire d’Aymare.

Cette expérience autogestionnaire, quasiment oubliée des mémoires, va exister jusqu’en 1967. Elle donne naissance à une éphémère radio, un dispensaire moderne qui accueille des malades et mutilés de la guerre, cultive et entretient une exploitation agricole de 120 ha permettant à 25 personnes d’y vivre toute l’année, organise des rassemblements dignes des plus grands festivals de la période. L’entraide, la solidarité, l’égalité, l’autogestion, la fraternité, la culture sont les mots qui caractérisent le cœur de ce projet.

Cet épisode, peu connu de l’histoire de l’exil des républicains espagnols et des anarchosyndicalistes de la CNT en particulier, présente plusieurs intérêts : il révèle la vie de réfugiés durant la Seconde Guerre mondiale, il met .n au mythe du désert autogestionnaire français d’avant la vague des communautés de 68 et met l’accent sur le fait que durant les Trente Glorieuses, il a été possible de vivre autrement de façon solidaire et collective, révolutionnaire et autogestionnaire. C’est cette aventure humaine que tente d’éclairer ce livre. »

Olivier Hiard est né en 1973 et vit actuellement dans le Lot où il exerce la profession de veilleur de nuit. L’auteur a fréquenté de nombreux squats anarchopunks et s’intéresse de près à l’histoire des micro-collectivités, des réalisations socialistes utopistes et à l’Utopie.
Editions libertaires, 176 pages, 13 euros. Paru en février.

Aucun commentaire: