02/03/2014

Kiev : victoire des milices fascistes ?

Lu sur Article 11 (extraits) :

DÉMYSTIFIER EUROMAIDAN
RÉVOLTES ET HÉRITAGE DU SOCIALISME RÉEL
Le courage et la ténacité des gens qui ont tenu les barricades de Maïdan (Kiev, Ukraine), jusqu’à l’emporter, ne laissent pas d’impressionner. Et ils donnent très envie de croire qu’un vent de liberté s’est levé, porteur de vraies promesses de transformation sociale. C’est là que le bat blesse, explique l’ami Charles Reeve : derrière le soulèvement, la réaction....

(...) Voir dans les barricades et les affrontements violents avec les mercenaires du régime un signe de radicalité révèle un grave manque de sens critique, au même titre qu’attribuer un contenu démocratique à la révolte en fonction de la revendication d’intégration à l’UE relève d’un raisonnement erroné.

(...) L’existence, à Kiev, de petits groupes possédant une vision critique du monde et des intérêts capitalistes en jeu est un atout précieux pour nous éclairer dans le brouillard d’Euromaidan. Plusieurs textes sont accessibles sur le Net. Citons notamment cette interview, réalisée par une radio libre de Caroline du Nord (USA), Ashville Fm Radio, avec un camarade anarcho-syndicaliste de l’Union autonome des ouvriers d’Ukraine. On peut aussi lire, sur le site de ce groupe et en anglais, une autre interview et une discussion. Enfin, un texte, moins intéressant et plus idéologique, du Syndicat autonome des travailleurs de Kiev est disponible en français (liens sur le site d'Article 11).

(...) aucun mouvement de solidarité collective, aucune grève, ne furent signalées. L’appel, lancé par quelques organisations libérales de gauche, à une grève politique n’a eu aucun écho, et même la grève des employés des transports de la ville, en janvier, s’est déroulée sans lien concret avec l’agitation dans la place. Une tentative de grève dans quelques universités fut cassée par les milices fascisantes.

Selon les informations fournies par ces camarades, l’occupation de la place est restée dominée par les appareils des partis - des partis d’opposition aux partis ultra-nationalistes et racistes. Ces derniers ont investi l’essentiel des activités pratiques et l’organisation de l’occupation. De par leur nature militariste et machiste, ils se sont imposés dès le départ comme « les spécialistes » de la violence et ont pris en charge l’« auto-défense » d’Euromaidan.

Malgré le fait que l’occupation a duré plus de deux mois, les pratiques d’action indépendante et d’auto-organisation furent quasiment inexistantes, les chefs et les hiérarchies ont dominé et ont décidé. Il n’y a pas eu d’assemblées ou autres prises de décision collective, les débats politiques furent limités aux questions nationalistes et politiques. Toute tentative d’aborder la question sociale a rencontré l’opposition immédiate des chefs nationalistes et néo-nazis, qui criaient alors à la « provocation ».

La vie interne de la place fut - certes - variée, mais les organisations ultranationalistes ont gardé le contrôle des activités. Les groupes paramilitaires, les Sotnia, sont restés sous la direction de chefs nationalistes et fascistes, dont certains étaient liés à des secteurs de la police. Il s’agit de groupes composés exclusivement d’hommes, où les valeurs machistes sont particulièrement affirmées.

(...) Les petits groupes de radicaux furent marginalisés, exclus de l’organisation de l’occupation, de la place (à l’exception des groupes d’aide médicale, où bon nombre de radicaux et de femmes ont pu s’investir). Dès qu’ils ont tenté d’exprimer leurs idées ou qu’ils ont soulevé des questions sociales, ils ont été violemment pris à partie, accusés d’être des « provocateurs » et expulsés d’Euromaidan. Oser aller à contre-courant du mythe pro-UE des partis d’opposition, rappeler que l’Europe est aussi synonyme d’austérité sociale, équivalait à se faire traiter de partisans de la Russie… Quelques radicaux ont bien tenté de se regrouper et de former une Sotnia indépendante. Mais les milices de Svoboda les ont aussitôt attaqués et expulsés d’Euromaidan, les accusant d’être un groupe « racialement impur ». (...)

> Pour lire l'article en entier sur Article 11.
> L'article de L'Huma et celui du Figaro (pour une fois).



Manifestation au flambeau de Svoboda et de ses alliés en janvier dernier.
Précisons que le drapeau rouge et noir que l'on aperçoit n'a rien à voir avec l'anarcho-syndicalisme : c'est celui des nationaux-socialistes du Congrès des nationalistes ukrainiens, héritiers de l’armée insurrectionnelle ukrainienne (à ne pas confondre avec l'armée révolutionnaire insurrectionnelle ukrainienne de Nestor Makhno).


Black bloc ukrainien ? Erreur, monseigneur ! L'habit et les couleurs ne font pas le moine. Démo d'une milice fasciste. Personne ne s'étonnera que les sites néofa européens se mettent à fantasmer grave en ce moment et se passent en boucle les techniques de guérilla urbaine utilisées à Kiev... Miam miam!

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