19/01/2014

Un peu d'Histoire...


"La Rotative", site collaboratif d'informations locales de Tours et alentours, vient de faire resurgir la mémoire d'un anar tourangeau, Louis Rimbault (1877-1949), en reprenant le long texte Louis Rimbault et "Terre libérée", 1923-1949. Ecole de pratique végétalienne et de retour à la terre, édité en 2005 par les Brochures de l'En Dehors et mis à disposition chez Infokiosques.

Quelques petits extraits pour vous donner 
envie d'en savoir plus :
« Début du XXe siècle. Une mouvance nouvelle s’affirme dans les milieux anarchistes : les anarchistes individualistes décident de vivre, sans attendre, leur anarchisme et pour cela transforment parfois radicalement leur mode de vie, refusant le salariat et le conformisme bourgeois. Poursuivant leurs attaques contre les autorités quelle qu’elles soient (l’Etat, le patron ou la morale bourgeoise), ils sont illégalistes, milieux-libristes, végétaliens, buveurs d’eau, faux-monnayeurs, partisans de l’amour libre, nudistes ou naturiens.

(...) Chez certains individualistes, l’opposition classique entre un ordre social et un ordre naturel se renforce dans l’idée qu’il y aurait des lois de la Nature, physiques et biologiques, dictées par la science et la raison. Et ainsi des besoins "factices" et des besoins "naturels". Cette conviction donne lieu à la mise en place de luttes contre des aliments et des substances toxiques.

(...) Une des idées de Rimbault pour gagner de l’argent est de créer les C.O.S. (Conseil d’ouvriers syndiqués), « application du communisme économique en pleine société bourgeoise ». Il va exposer son projet à plusieurs reprises, , notamment à Tours où il rencontre Victor Coissac (futur fondateur de la colonie "L’Intégrale") en 1911, puis en 1919, au moment de la grande grève des cheminots.

L’association disposerait d’ateliers où chacun pourrait venir travailler gratuitement le samedi après-midi.  « On ne peut envisager l’émancipation des producteurs qu’en modifiant les conditions économiques qui saturent et pourrissent les hommes les plus fiers, les esprits les plus libres ; par exemple : réserver une part des cotisations syndicales à monter tous établissements dans lesquels ils pourraient aussi travailler à assurer leurs besoins les plus immédiats, tout en s’affranchissant d’un patronat qu’ils priveraient graduellement de sa propriété en lui retirant la main d’oeuvre. [...] c’est là toute la théorie des "C.O.S."  ». On retrouve là l’idée chère au milieu libre de vivre par ses propres moyens. Seulement, peu de producteurs semblent emballés par l’idée de travailler plus en attendant et la proposition n’est guère au goût de la C.G.T qui l’accuse d’être un agent provocateur....

(...) Dans les milieux anarchistes, Georges Butaud et Sophia Zaïkowska sont les premiers à ériger en théorie la réduction des besoins individuels comme moyen de s’affranchir de la logique de production et de consommation. Le végétalisme devient leur principal cheval de bataille. Dès 1917, ils animent une école pratique végétalienne à Bascon dans l’Aisne (...)

(...) Outre la création des foyers végétaliens, de nouveau, dans les années 20, l’idée circule de fonder des milieux libres. Et Rimbault ne sera pas en reste... « Le Néo-Naturien, l’en-dehors, précédés déjà de Par delà la Mêlée, le Plagiaire, les Vagabonds, le Réveil de l’Esclave, pour ne citer que la France, ont consacré quelques trop courtes lignes aux études des plans d’évasion raisonnée. » Seulement, les milieux anarchistes sont faibles et divisés à la fois par la guerre puis par la Révolution russe. Ceux qui en ont les moyens préfèrent alors quitter la France, l’Europe pour partir au loin, vers des terres qui leur semblent plus clémentes. De nombreux camarades partent pour l’Amérique du Sud dans l’espoir de fonder des colonies naturistes, caractérisée par une vie simple et végétalienne. (...)

(...) Mais, raconte Rimbault, « beaucoup de nos amis s’embarquent à Nantes, à Bordeaux pour gagner les "terres promises" d’Amérique du Sud ou d’ailleurs et disparaissent sans qu’aucun contrôle ne puisse nous renseigner sur ce qu’ils furent, sur ce qu’ils devinrent, sur leurs fins, malgré les recherches qu’on fit pour retrouver même leurs traces »

(...) Louis Rimbault décide de passer à l’action à son tour : en 1923, il annonce dans le Néo-Naturien son idée de fonder une Cité végétalienne. De ce projet naîtra "Terre libérée" à Luynes, à 11 kilomètres de la ville natale de Rimbault. Durant une dizaine d’années ce dernier va multiplier écrits et réunions pour répandre ses conceptions, tout en accueillant à
"Terre libérée" les adeptes de son végétalisme. (...) »

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