13/11/2013

Prises de décision : vers plus de démocratie ?

Lu sur Le Monde libertaire (10/10/13) : "Sur les chemins d’Anar’land"

« En 2012 est paru un livre d’un certain Christian Morel [Les décisions absurdes II. Comment les éviter, Gallimard] déconstruisant les mécanismes collectifs
de prise de décision : lesquels conduisent à des catastrophes et lesquels peuvent
aider à les prévenir. (...)

Comme lors de son premier opus (Les Décisions absurdes, 2002), Christian Morel procède par analyse de cas. Ainsi de ces randonneurs à ski en janvier 2007 (quatre hommes et deux femmes, parmi lesquels quatre sont experts en avalanches) qui se demandent s’ils doivent ou non s’engager dans une combe. Objectivement, ils savent que ce jour-là le risque d’avalanche est élevé à cette altitude, que l’angle de la combe les favorise et qu’une corniche au-dessus comporte un dépôt neigeux apporté par le vent. Un des experts du groupe estime malgré tout qu’ils peuvent y aller. Ils s’engagent, le manteau neigeux cède.

Pour Christian Morel, c’est la dynamique du groupe qui a conduit ces randonneurs expérimentés à prendre la décision dangereuse. La taille du groupe a inhibé la parole et les silences ont été interprétés comme approbation. Un seul des quatre experts a opté pour, le deuxième n’a rien dit, le troisième a vu les signes de danger mais ne s’est pas exprimé clairement. Le chef de course, qui a vu le dépôt neigeux, a considéré la non-opposition de ses compagnons comme le fait que pour eux il n’y avait pas danger, quand eux-mêmes voyaient dans son silence un feu vert, un chef sachant par définition ce qu’il fait. Enfin, la présence de femmes a encouragé la posture virile de ne pas reculer. Une équipe de deux skieurs aurait discuté davantage, conclut Christian Morel. (...)

Voici de quoi critiquer les organisations hiérarchiques et autoritaires que nous subissons. Mais voici de quoi aussi réinterroger nos propres pratiques dans nos organisations libertaires, y compris celles qui fonctionnent au consensus. (...) »

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