03/02/2013

Autogestion : une tuile pour les patrons grecs

Lu sur le site de l'OCL :
L’entreprise autogérée Viomichaniki Metaleftiki (Grèce) 
va bientôt commencer à travailler

« En mai 2011 la direction de Viomichaniki Metaleftiki [Exploitation minière industrielle], une filiale de Philkeram-Johnson, entreprise de fabrication de tuiles et matériaux de construction située à Thessalonique, a abandonné l’entreprise sans avoir payé les derniers mois de salaires des travailleurs. En conséquence de quoi, les ouvriers présents, au nombre d’une soixantaine, ont cessé de travailler à partir de septembre 2011.
Depuis cette date, ils se sont réunis et ont décidé de ne pas baisser les bras. Au printemps 2012, l’idée d’un redémarrage en autogestion a mûri et s’est imposée comme la seule solution viable. Des contacts ont été pris et, autour, s’est mis en place un soutien à travers la création en juillet 2012 de l’Initiative Ouverte de Solidarité sur Thessalonique. L’information et la solidarité se sont ensuite étendues dans toute la Grèce, souvent à l’initiative de groupes libertaires/ antiautoritaires et des centres sociaux occupés, avec rencontres-débats, concerts de soutiens, assemblées ouvertes, présence dans les manifestations...
L’assemblée des travailleurs du 23 janvier 2013 a décidé, presque à l’unanimité, le redémarrage en autogestion de l’entreprise par ses ouvriers, sans patrons et autres parasites, bureaucrates et médiateurs. L’usine - désormais autogérée - rouvrira à la mi-février 2013. »

COMMUNIQUÉ  de l’Initiative ouverte pour la solidarité et le soutien à la lutte des travailleurs de Viomijanikí Metaleftikí (Vio.Me), publié sur le site du syndicat des travailleurs de l’entreprise désormais autogérée. 
« Nous sommes ceux qui pétrissent et pourtant nous n’avons pas de pain, 
nous sommes ceux qui creusent pour le charbon et pourtant nous avons froid. 
Nous sommes ceux qui n’ont rien et nous arrivons pour prendre le monde »
Tassos Livaditis (poète grec, 1922-1988)

Au cœur de la crise, les travailleurs de Vio.Me. 
visent le cœur de l’exploitation et de la propriété
Avec un taux de chômage qui a grimpé à 30% et les revenus des travailleurs réduits à zéro, les ouvriers de Viomichaniki Metaleftiki [Exploitation Minière Industrielle], fatigués et malades de belles paroles, de promesses et d’impôts supplémentaires, sans salaire et sans travail depuis mai 2011 et avec une usine abandonnée par l’employeur, par une décision de l’assemblée générale du syndicat déclarent être déterminés à ne pas tomber comme des proies dans le chômage de longue durée et, au contraire, à se battre pour prendre l’usine entre leurs mains et la faire fonctionner eux-mêmes.

Dans leur proposition formelle, datant d’octobre 2012, ils ont appelé à la création d’une coopérative de travailleurs sous le contrôle total des travailleurs, en exigeant la reconnaissance juridique aussi bien de leur projet de coopérative que de tout ceux qui vont suivre. Dans le même temps, ils ont réclamé qu’on leur fournisse l’argent nécessaire pour redémarrer l’usine, argent qui leur appartient puisque ce sont eux qui produisent les richesses de la société.

Le plan qui a été élaboré (par eux) a rencontré l’indifférence totale de l’Etat et des diverses bureaucraties syndicales. Par contre, il a été reçu avec enthousiasme dans le monde des mouvements populaires, qui par la création de l’Initiative Ouverte de Solidarité à Thessalonique, puis avec la création d’initiatives similaires dans de nombreuses villes, se sont battus au cours des 6 derniers mois pour diffuser le message de Vio.Me à l’ensemble de la société.

Maintenant, c’est l’heure de Vio.Me ! Les travailleurs ne peuvent pas attendre plus longtemps les promesses gratuites de soutien de la part d’un Etat en faillite (même l’aide d’urgence de 1000 euros promise par le ministère du Travail n’est jamais arrivée aux travailleurs car elle n’a pas été approuvée par le ministre des Finances Strounaras !). Il est temps de voir l’usine de Vio.Me – ainsi que toute autre entreprise qui ferme ses portes, se retrouve en faillite ou licencie ses travailleurs – rouverte par ses travailleurs et non par ses patrons, anciens ou nouveaux. 

La lutte ne doit pas se limiter à Vio.Me. Pour être victorieuse, elle doit être généralisée et étendue à toutes les usines et entreprises qui ferment leurs portes, car seul un réseau d’entreprises autogérées permettra à Vio.Me de survivre et d’éclairer la voie vers une organisation différente de la production et de l’économie, sans exploitation, sans inégalité et sans hiérarchie.

Quand les usines ferment les unes après les autres, quand le nombre des chômeurs atteint les 2 millions et que la grande majorité de la population est condamnée à la pauvreté et à la misère par le gouvernement de coalition Pasok, ND, Dimar, comme les gouvernements précédents, l’exigence de placer les entreprises entre les mains des travailleurs est la seule réponse raisonnable à la catastrophe que nous vivons tous les jours, la seule réponse au chômage, et c’est pour cela que le combat de Vio.Me est notre combat.

Nous appelons tous les travailleurs, les sans-emploi et tous ceux qui sont frappés par la crise, de se tenir aux côtés des travailleurs de Vio.Me et de les soutenir dans leur effort pour mettre en pratique l’idée que les travailleurs peuvent agir sans patron. Nous appelons à participer à une Caravane de Solidarité et de Lutte à l’échelle nationale qui se terminera par trois journées de lutte à Thessalonique. 
Pour participer à la lutte et organiser nos propres combats là chacun se trouve, avec des procédures de démocratie directe, sans bureaucrates. Pour participer à une grève générale politique pour renverser ceux qui détruisent nos vies !
Afin de placer toutes les entreprises et toute la production entre les mains des travailleurs et d’organiser l’économie et la société que nous voulons : une société sans patrons !
L’heure de Viomichaniki Metaleftiki est arrivée. Au travail !
Ouvrons la voie à l’autogestion ouvrière partout.
Ouvrons la voie à une société sans patrons !
Initiative ouverte pour la solidarité et le soutien 
à la lutte des travailleurs de Viomichaniki Metaleftiki
[Traduction : OCLibertaire]

Aucun commentaire: