28/06/2012

Vient de paraître

"Altermondes" n°30 • juin
Edito - "Je pense à ces petits enfants..."
« Soyons sincères un instant ! Par goût de la provocation, pour briser la monotonie du quotidien ou par envie de se faire peur en bravant les interdits, on s’est toutes et tous imaginé un jour sortir des énormités en public. Sachant, évidemment, que plus c’est énorme, mieux c’est. Or, trop souvent, au dernier moment, après un petit frisson d’excitation, rares sont celles et ceux qui franchissent le pas. On peut le comprendre.
Les politiques, de gauche comme de droite – nul besoin ici d’être partisan –, n’ont pas tant de pudeur. Dans une interview publiée le 25 mai dans le très respectable quotidien britannique The Guardian, Christine Lagarde, directrice générale du Fonds monétaire international (FMI) – excusez du peu – déclarait : "Je pense que [les Grecs] devraient s’aider mutuellement (...) en payant tous leurs impôts", fustigeant « tous ces gens qui tentent en permanence d’échapper à l’impôt". On la comprend, elle qui, victime de son statut de fonctionnaire internationale, n’en paie pas… "Je pense davantage à ces petits enfants d’une école d’un petit village du Niger qui n’ont que deux heures de cours par jour, qui partagent une chaise pour trois et qui cherchent passionnément à avoir accès à l’éducation, poursuit-elle. 
Je pense à eux en permanence, parce que je pense qu’ils ont davantage besoin d’aide que la population d’Athènes". Enorme ! C’est sûrement d’ailleurs parce que le FMI a beaucoup pensé à « ces petits enfants » dans les années 80, qu’il a soumis le budget de leur pays à une cure d’austérité baptisée "plan d’ajustement structurel", qui s’est traduite par des coupes sombres dans les budgets sociaux. Les enfants grecs doivent s’en réjouir à l’avance… Du 20 au 22 juin, les Etats se réuniront à Rio de Janeiro (Brésil) pour une grande conférence sur le développement durable. Vingt ans après le Sommet de la Terre.
Dans un contexte de crise profonde, aux dimensions multiples (politique, économique, sociale, écologique, etc.), les chefs d’Etat et de gouvernement sont attendus au chevet de la planète. Sauront-ils amorcer le tournant dont l’humanité a besoin pour réinventer son avenir ? Le doute est permis mais on se gardera bien de demander à Mme Lagarde ce qu’elle en pense… »
Par David Eloy, rédacteur en chef d'Altermondes

Dans le même numéro :
• « Les groupes opprimés en disent beaucoup sur une société » (entretien avec
Pinar Selek, cofondatrice de l'association féministe turque Amargi.
• « Le Cameroun, un pays pas très gay ».
• « Pour Ales Bialiatski, le printemps se fait attendre... » (Bielorussie. La situation du président du Centre des droits de l’Homme Viasna, arrêté en août dernier).
•« Sous l’absurdité des lois islamiques, la société iranienne vit »
(entretien avec Naïri Nahapétian, auteure de Dernier refrain à Ispahan (Liana Levi).

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