Communiqué du WECF
(Women in Europe for a Common Future) :
Jouets : des substances chimiques préoccupantes toujours présentes
« Dans le cadre de son action "Stop aux mauvais joueurs", le 16 novembre, WECF a fait tester 29 jouets vendus en France, en Allemagne et aux Pays-Bas. Sans être représentatifs du marché du jouet dans son ensemble,
ils donnent des indications sur certaines substances préoccupantes qu’on peut encore trouver dans un échantillon de produits vendus en Europe. Et la situation est loin d’être réglée.
Un phtalate dans un article vendu au rayon jouets
Mauvaise surprise dans un tablier en plastique du rayon jouets vendu aux Pays-Bas :
il contient pas moins de 578 mg/kg de DEHP, ce phtalate interdit dans les jouets et articles de puériculture, souvent signalé par RAPEX, le système européen d'information sur les produits dangereux. Les autres jouets testés ne montrent pas de traces de phtalates.
Formaldéhyde et jouets en bois
Le bois est souvent considéré comme un matériau sain : si c’est le cas du bois brut non vernis, il en va autrement des panneaux de bois aggloméré. Sur 5 jouets testés, 3 sont au-dessous ou très proches de la limite de détection du formaldéhyde. Un puzzle pour les plus de 2 ans vendu en France, l’excède de beaucoup, avec 1,25 mg/L. Classé "cancérogène pour l’être humain" au niveau international et identifié comme substance prioritaire par l’OMS, le formaldéhyde n’a rien à faire dans les jouets.
Métaux lourds (plomb, cadmium, baryum, nickel), maquillage et bijoux
Alternativement vendus au rayon jouets ou dans des boutiques d’accessoires, maquillages et bijoux sont très prisés des enfants, même les plus jeunes. 2 des 3 articles de maquillage testés contiennent du baryum, avec un taux voisin de 150 mg/kg dans l’article vendu en France - une valeur qui reste inférieure aux limites fixées par la nouvelle directive jouets. Les bijoux testés montrent également la présence combinée de plomb (neurotoxique),
nickel (allergène connu) et de cadmium. Des résultats qui inquiètent quand on sait que ces produits peuvent être mis à la bouche par de jeunes enfants.
Et que dire d’un brillant à lèvres contenant un filtre UV soupçonné d’être un perturbateur endocrinien, la benzophénone-3, que l’AFSSAPS recommande "de ne pas utiliser chez les enfants jusqu’à l’âge de dix ans dans les produits cosmétiques dans une concentration de 6%". Ces cosmétiques pour enfants ne s’avèrent donc pas satisfaisants : substances allergènes, perturbateurs endocriniens, métaux lourds entrent encore trop souvent dans leur composition. Il est urgent de tenir compte, lors de la formulation de cosmétiques, d’une utilisation potentielle par de jeunes enfants.
[...] Champs électromagnétiques (CEM) et jouets : une affaire à suivre
Le 16 novembre, WECF avait également invité plusieurs experts qui ont mesuré les champs électro-magnétiques émis par certains jouets, comme les consoles de jeux : Catherine Gouhier, membre fondatrice du CRIIREM, et Alain Lefranc, bio-électricien, ont ainsi pu montrer la présence de champs allant jusqu’à 3,5 volts/mètre lorsque la fonction WIFI est activée… Une puissance d’émission très forte quand on sait que les enfants jouent souvent avec ces consoles posées sur leurs genoux.
Une réglementation européenne à améliorer
L’année 2008 a marqué l’adoption de la nouvelle directive européenne sur la sécurité des jouets. Une des particularités concerne les dispositions sur les substances chimiques qui font l’objet d’une période de transition prolongée de deux ans et ne seront obligatoires qu’en juillet 2013. A ce jour, les jouets mis sur le marché dans l’UE peuvent donc répondre aux normes de l’ancienne directive. Or la nouvelle directive, si elle propose des avancées, recule aussi sur certains aspects. C’est pourquoi WECF se mobilise depuis 2008 pour exiger une meilleure réglementation.
Nous demandons notamment l’interdiction complète des substances CMR
(pas d’exemption), des métaux lourds, des substances allergènes et irritantes et des perturbateurs endocriniens qui ne sont pas mentionnés dans la directive.
Mais aussi l’interdiction des nanomatériaux et nanoparticules et, enfin, l’alignement
de la Directive jouets avec des réglementations existantes plus strictes.
Une situation encore plus grave dans les pays d'Europe de l'Est,
du Caucase et d'Asie centrale
Nos partenaires des pays de l’Est : Macédoine, Russie, Ukraine, Biélorussie nous ont rapporté leur inquiétude par rapport à la situation dans leurs pays : beaucoup de jouets sont importés, et un véritable marché parallèle illégal s’est développé, où les jouets ne sont pas du tout contrôlés. Certains représentent un grave danger pour la santé des enfants : plusieurs cas d'intoxication graves ont été relevés. Les prix des jouets en magasin étant très élevés, les consommateurs préfèrent acheter des jouets à bas prix sur des marchés non contrôlés, qui sont de mauvaise qualité. »
WECF - Women in Europe for a Common Future, est un réseau international d’organisations féminines et environnementales qui met en œuvre des projets à l’échelle locale
dans 40 pays d’Europe, du Caucase et d’Asie centrale, et plaide au niveau mondial
afin de garantir un environnement sain à tous.
> Le site du WECF.
> Le Guide "Protéger les enfants, en évitant les substances toxiques" (2009) (pdf).
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