29/11/2011

Les sondeurs contre la démocratie

Sur le site de "l'Observatoire des sondages", un intéressant petit article
sur le dernier sondage concernant Eva Joly, candidate EELV aux présidentielles.
Quoiqu'on pense de cette candidate et de ce parti politique, voici un rappel, en quelques phrases, des manipulations sondagières qui vont certainement
se multiplier à l'approches des élections.

« Nouveau coup de sonde contre la démocratie
"Près de deux Français sur trois pour le retrait d’Eva Joly, selon un sondage".
Il faut croire que le sens de la démocratie s’est singulièrement érodé pour
qu’un sondeur (BVA) fasse ce genre de sondage pour 20Minutes, que l’AFP reprenne et, à la suite, Le Monde.fr, etc. (25 novembre 2011).
Bien sûr, la question serait-elle posée pour les autres candidats, le résultat serait proche puisqu’aucun n’atteignant la moitié des intentions de vote, il y en aurait beaucoup pour souhaiter que le candidat ne se présente pas. Combien de sondés souhaiteraient-ils que Marine Le Pen ne se présente pas ? Et même combien seraient-ils à le proposer pour Nicolas Sarkozy ? Il faut croire aussi que l’intelligence a déserté. Mais sans doute n’est-ce pas un hasard s’il s’agit de Eva Joly seulement. Le sondeur et la presse souhaiteraient-ils que Eva Joly se retire prématurément qu’il n’en irait pas autrement puisqu’il s’agit bien
d’un push poll. Avec des biais qui en font une opération frauduleuse.
La réponse est dans l’échantillon : présenté comme représentatif de la population française, il est donc constitué en majorité d’adversaires politiques d’Eva Joly.
Il s’agit d’un sondage en ligne, l’échantillon est spontané c’est-à-dire non représentatif. Par ailleurs les sondés sont rémunérés. Est-il honnête de payer des gens pour leur faire dire quelque chose de prédéterminé par l’échantillon ?
Pour corser enfin les résultats, l’échantillon contient des mineurs de 15 ans et plus.
On se souvient que la victoire d’Eva Joly à la primaire écologiste - une procédure réputée démocratique - avait déjoué les pronostics des sondeurs (cf. Primaires écologistes : fausse surprise). Au regard de la malhonnêteté patente de ce sondage, il faut croire que BVA a la rancune tenace et qu’il est décidé à avoir le dernier mot face aux électeurs.
Enfin, le titre "61% des Français" est faux, comme nous avons eu l’occasion de le dire.
Il eut fallu dire 61% des sondés (cf. l’article "55 % des Français"). Quand les candidats
vont-ils saisir les tribunaux au titre de l’article L97 du code électoral ? » (26 novembre 2011)


sondages
Pour rester sur le sujet, les responsables de l'Observatoire des sondages ont publié en septembre
le Manuel anti-sondages. La démocratie n’est pas à vendre, d'Alain Garrigou, Richard Brousse
(éditions La Ville brûle).

Présentation de l'éditeur : « Médias, argent, politique...,
les sondages sont au cœur d’un système qu’ils ont contribué à transformer. Forme dominante de production de l’opinion publique, les sondages participent à la mise en condition des citoyens, et donc à la perversion de la démocratie : les régimes démocratiques sont devenus des régimes d’opinion.
Fabriquée, transformée en données chiffrées, marchandisée puis manipulée, l’opinion publique est à présent une source de profits sur un marché en pleine expansion. Alors que la fabrique de l’opinion tourne à plein régime, une critique citoyenne des sondages est plus nécessaire que jamais.
Le Manuel anti-sondages décrypte le fonctionnement de ce système opaque et antidémocratique. Il propose une analyse sans concessions de ses techniques et de ses usages commerciaux, politiques et médiatiques, étayée par de nombreux exemples et complétée par un glossaire et des éléments de réponses aux contre-vérités des « opiniomanes » : autant d’outils permettant de se défendre contre l’emprise croissante des sondages (et des sondeurs) sur le débat politique. »

> Feuilleter quelques pages du livre (pdf) chez l'éditeur.

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