30/07/2010

Les freins au changement

Un nouvel extrait du Rapport 2010 "L'environnement en France", du Commissariat général au développement durable :

« Observer les pratiques quotidiennes pour comprendre les freins au changement

[...] Nos habitations sont entièrement organisées autour de l’utilisation de l’énergie. La consommation d’énergie est au cœur même de nos modes de vie actuels. En dépit de l’augmentation de l’efficacité énergétique des appareils, la maîtrise de la consommation d’énergie par les ménages se heurte à deux éléments : la multiplication des équipements (nouvelles technologies de l’information et de la communication notamment) et l’attachement au confort.

S’appuyant sur l’observation de quarante familles propriétaires, I. Moussaoui montre que la consommation d’énergie met en tension deux logiques au sein du ménage : celle de la maîtrise de la consommation, qui, trop poussée, peut conduire « à des rapports tendus dans les relations sociales » et celle du confort et du bien-être. Cette seconde logique peut amener à du gaspillage si elle n’est pas régulée. Cette opposition se manifeste par exemple au niveau des enfants : on tente de les responsabiliser à travers la chasse aux appareils laissés inutilement allumés. Parallèlement, on les protège en augmentant le chauffage des chambres la nuit ou afin qu’ils soient bien installés pour faire leurs devoirs. Présente dans toutes les sphères de la vie quotidienne, la maîtrise de l’énergie est située au cœur de la dynamique du ménage. L’exemple des conflits générés par la fixation de la température intérieure du logement est une illustration de la centralité de l’énergie dans les rapports intrafamiliaux.

Par ailleurs, selon que l’on conçoive son habitation comme un lieu convivial, un refuge, un lieu de démonstration ou un lieu accessoire, l’usage des appareils servant à mettre en scène cette conception et à « créer une ambiance » (éclairage, diversité des appareils, température, etc.) sera différente, et la consommation d’énergie variera. Le changement des habitudes est limité par la quête du confort et du bien-être qui sont des valeurs centrales des modes de vies actuels. Dès lors, les incitations à la maîtrise de l’énergie peuvent recueillir un faible écho si elles sont vécues comme de la privation voire de la régression sociale.

Dans le domaine des déplacements et plus particulièrement des trajets domicile-travail, les comportements sont fortement déterminés par différents paramètres : distance, horaires, contraintes professionnelles, vie familiale, offres alternatives de transports, etc. C’est donc au cœur de ce système de contraintes que se créent les habitudes de déplacement et notamment la dépendance à la voiture. Ainsi, plus le chaînage quotidien des activités réparties entre le travail, la conduite des enfants, les loisirs ou les courses est important, plus l’usage de l’automobile est routinisé. Ce n’est qu’à l’occasion de rupture biographique (changement de travail, déménagement, diminution des impératifs familiaux liés à l’autonomisation ou au départ des enfants) qu’une recomposition des habitudes peut intervenir à la condition que cette disposition au changement rencontre une réelle alternative. »

(Réf. : Moussaoui I., 2007. De la société de consommation à la société de modération, Les Annales de la recherche urbaine, n° 103).

> Le rapport complet (pdf, 12 Mo), ICI.

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