
Dans le numéro de mars d'Alternative libertaire, un article s'intéresse à l'Argentine. Son titre : "Maintenir des espaces d’auto-organisation".
Extraits : « [...] Les principaux movimientos de trabajadores desocupados (MTD) touchent des subventions, qui ont permis de "fonctionnariser" leurs principaux animateurs ; certains ont même accepté des postes dans l’appareil d’État. Le mouvement populaire s’est divisé et recomposé autour de cette question cruciale de l’indépendance vis-à-vis des institutions. Mais seule une minorité n’a pas dérogé au principe d’indépendance totale.
Le Movimiento de Unidad Popular (MUP) est un des plus tristes exemples de cette récupération. Le MUP, qui avait été impulsé et animé dès 2001 par le groupe communiste libertaire Auca, s’était rallié fin 2005 à Kirchner [président de la nation argentine], en prétextant qu’il dirigeait un "gouvernement populaire". De mouvement de lutte auto-organisé qu’il était, le MUP, désormais grassement subventionné, s’est mué en officine humanitaire progouvernementale et en machine de guerre électorale, avec podiums, écrans géants, drapeaux argentins et hymne national, où l’on fait acclamer "Cristina" [Kirchner] par
les pauvres venus chercher de l’aide sociale. [...]
Heureusement, il reste des espaces réellement indépendants d’auto-organisation populaire. Parmi les plus radicaux, citons la Federación de Organizaciones de Base (FOB), qui regroupe plusieurs comités de quartiers et comités piqueteros et est animée par deux groupes anarchistes : la colonne Joaquin Oenina (à Rosario) et la colonne Malatesta (à Buenos Aires). En mars, ces deux groupes doivent tenir un plenum avec des camarades
de La Plata et adopter une déclaration de principes et une structure fédérale. [...]
Plus axé sur la défense des "entreprises récupérées" – c’est-à-dire des boîtes reprises en main par les salarié-e-s, souvent au moment de l’Argentinazo de 2001 – on trouve le Frente de Organizaciones en Lucha (FOL), dans lequel sont présents les militantes et les militants de l’ex-Organisation socialiste libertaire. Le FOL essaie aujourd’hui, avec le FPDS, d’impulser une association syndicale des travailleurs des coopératives. Le FOL, le FPDS et la FOB se sont également coalisés dans le Frente de Lucha por Cooperativas sin Punteros – c’est-à-dire "sans politiciens". En effet, l’État place aujourd’hui ses agents à des postes de responsabilité dans les entreprises récupérées, en échange de subventions
ou de facilités. [...] ».
Auteurs : Guillaume Davranche (AL 93), avec Ghislain (AL Marseille)
et Guillaume de Gracia (AL Toulouse).
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