12/03/2011

Souveraineté alimentaire : réponses à l'OMC

diversité cultivée
Sortie le 15 mars
"Seule, la diversité cultivée
peut nourrir le monde."

« Dans le journal Libération du 20 septembre 2010, le délégué général de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), Pascal Lamy, affirme que l’alimentation de tous les hommes ne peut être assurée que par l’organisation internationale des échanges, et que la souveraineté alimentaire est un leurre. Invoquant la famine au Pakistan après les inondations de l’été 2010, il plaide :
"Le commerce international n’est en fait qu’une courroie de transmission entre les terres d’opulence et les terres de pénurie. Il jette un pont entre l’opulence et la rareté. Il n’est pas étonnant que ceux qui plaident en faveur de la production locale sont ceux qui disposent des plus grandes richesses agricoles et qui sont déjà capables de se nourrir eux-mêmes." Il poursuit son raisonnement :
"Le commerce international des produits alimentaires ne doit pas être considéré
comme une activité purement économique. C’est avant tout une responsabilité éthique.
Ceux qui occupent les terres d’abondance ont une responsabilité envers ceux
qui occupent les terres de pénurie."

L'association Minga, dans le prolongement de la campagne "Alimentons nos régions"
et en partenariat avec les éditions du Linteau, ont sollicité Stéphane Hessel, Edgard Pisani, Vandana Shiva et une vingtaine de paysans, d’universitaires, de politiques de France,
du Moyen-Orient, des Caraïbes et des Amériques (listes des contributeurs) à réagir au contenu de cet article. »

Éditions du Linteau, 140 pages, 12 euros. (Commander le livre)

En septembre dernier, Emmanuel Antoine, président de Minga,
répondait aux propos de Pascal Lamy (voir le communiqué entier).
Extrait : « [...] Le désir de Pascal Lamy de s'entendre sur une définition de la souveraineté alimentaire qui exclut sa dimension locale, pour la réduire de façon caricaturale aux "locavores", montre la manière dont il souhaite la mettre au service des seuls intérêts des Etats et des agro-industries, feignant d'ignorer que la souveraineté alimentaire n'est jamais que la mise en œuvre du droit des peuples à se nourrir eux-mêmes. [...]

Là où Pascal Lamy considère que la production locale des circuits courts n'est pas digne d'intérêt et ne peut pas recouvrer le terme de souveraineté alimentaire, il ignore également que l'agriculture périurbaine des circuits courts, les mouvements d'agriculture urbaine et d'autoproduction de populations précaires ou proches de la famine tentent ainsi d'échapper au fardeau des politiques de restriction budgétaire que les gouvernements ont mis en place après avoir sauvé, à quel prix et pour combien de temps, les errements de la finance internationale.

Oui à une régulation équitable des marchés qui permette le développement des agricultures paysannes au détriment de la "proficulture". Non à la prétention de vouloir résoudre la question de la faim par la seule régulation des marchés, dont un sixième de la population mondiale est durablement exclue, faute de travail, de revenus et de terre [...] »

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