Du 1er au 12 mars • Paris
Alexis. Une tragédie grecque.
par la Cie Motus.
« 6 décembre 2008. Alexis, 15 ans, est tué d'une balle en pleine poitrine par un policier,
à Exarcheia, quartier central et anarchiste d'Athènes. Dans une situation sociale et politique dégradée, cette mort met le feu aux poudres et déclenche une vague d'insurrection sans précédent.
Pour Enrico Casagrande et Daniela Nicolò,
la création et le réel se percutent. Depuis 2009,
ils mènent un travail autour des révoltes contemporaines à travers la figure d'Antigone - une femme qui, confrontée à l'injustice, se lève et résiste. Les auteurs et metteurs en scène italiens se rendent alors en Grèce, enquêtent,
et recueillent les échos de cette révolte. Fruit de ces expériences, Alexis. Une tragédie grecque est une tentative d'éclairer ces événements. En mêlant les mots des témoins d'Athènes à l'Antigone de Brecht, en recréant l'embrasement de la rue sur un plateau de théâtre, en proposant une mise en scène débordante de hargne et d'énergie, ils bâtissent une partition hybride, fulgurante et poétique. Et la compagnie Motus d'inviter les spectateurs à répondre avec elle : qui sont les Antigone d'aujourd'hui ? »
Note d'intention
« Faire du théâtre aujourd’hui, en adéquation avec les oscillations de la réalité, signifie se précipiter dans la fugacité des événements pour se mettre à l’écoute. Le dehors fuit le temps et l’espace théâtral tel une bête sauvage. Il doit être poursuivi au risque de perdre le chemin. L’expérience de se perdre est bonne :
elle réactive la perception et le flux cardiaque, elle "déséquilibre la ferme image du monde". En août 2010 nous sommes allés en Grèce à la recherche de témoignages directs sur le meurtre du jeune de quinze ans Alexandros-Andreas Grigoropoulos (Alexis), événement tragique commis par un policier au moment de notre premier atelier d’étude sur Antigone, en décembre 2008.
La mort d’Alexis a suscité un mouvement de protestation sans précédents dans l’histoire récente
de l’Europe, auquel non seulement étudiants et anarchistes, mais les représentants de toutes les catégories sociales ont participé. Et la tension ne s’est pas éteinte. A Exarchia, le quartier central d’Athènes où Alexis a été tué, tout le monde attend l’automne prochain, quand les effets de la crise deviendront évidents, pour que les soulèvements s’avivent à nouveau... Mais comment se fait-il que les manifestations en Grèce soient bien organisées et aient duré aussi longtemps… Alors qu’en Italie les mouvements de protestations s’enflamment subitement puis meurent dans l’éparpillement et le manque de coordination entre les divers groupements ? [...]
Nous décidons de nous rendre sur le lieu de cette mort, un an après le drame, alors que l’événement a été totalement oublié par une presse qui fait feu de tout bois, alors qu’on ne parle plus de ce qui s’est passé à cette période (une véritable insurrection), justement parce que tout le projet Syrma-Antigone est une réflexion autour du too late!, autour du fait d’être présent trop tard, après l’irréparable. Mais est-il vraiment trop tard ? “Comment transformer l’indignation en action ? Quelle action est alors possible ? Voilà les questions que nous nous posons, en tant qu’artistes, avant le début de chaque spectacle, ne pouvant pas continuer à faire du théâtre en faisant semblant que "le dehors" n’existe pas, seulement parce qu’on est trop absorbé par notre épuisante recherche formelle... La situation est en train de se détériorer et il faut s’exposer, à visage découvert. »
[Les metteurs en scène Enrico Casagrande et Daniela Nicolò fondent la compagnie Motus
en 1991, à Rimini, en Italie. Issus du théâtre universitaire, ils font leurs armes à la faculté de sociologie et d'économie, très influencés alors par le Living theatre. Le couple d’artistes chercheurs s’empare des questions les plus brûlantes de notre époque, et tente toujours de rester en prise directe avec le voyage, la ville, la jeunesse, la révolte. Conçu comme
un véritable laboratoire de travail, ouvert aux collaborations artistiques les plus diverses,
Motus recherche l'interaction créative entre différentes formes d'expression.]
Spectacle en italien surtitré en français.
Grande Halle de la Villette - salle Boris Vian. Métro Porte de Pantin.
Plein tarif : 16 €, tarif réduit : 12 €. (photos : © Valentina Bianci)
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