économiste et statisticien, co-président et membre du conseil scientifique d'Attac,
auteur cette année de Jalons vers un monde possible (éd. Le Bord de l'eau).
Intitulée "Repenser l'autogestion", je vous en livre ci-dessous un extrait (la conclusion).
Pour lire l'entretien en entier, cliquer sur blog Médiapart.
« [...] Comment (...) porter un projet de société alternatif ?
Thomas Coutrot : Pour moi, la seule manière, que j'évoque dans mon dernier livre
(Jalons vers un monde possible, ndlr) c'est de créer des alliances entre salariés, consommateurs, citoyens, écologistes... Et ce autour de la défense de la valeur d'usage face à la valeur d'échange. Aujourd'hui tout est tourné vers la seule valorisation du capital alors que ce qui intéresse les gens c'est la valeur d'usage, c'est de vivre bien, de produire des choses utiles plutôt que des choses rentables. Ainsi des études montrent que l'essentiel de la souffrance au travail vient de la négation de l'utilité du travail concret,
de la qualité du travail réel.
Cette piste nécessiterait néanmoins de repenser complètement le paradigme de l'autogestion. A Zanon par exemple (entreprise récupérée argentine emblématique, ndlr),
ce qui est intéressant c'est quand les travailleurs vont travailler dans des cliniques ou des écoles, qu'ils se rendent utiles à la population autrement que par l'insertion sur le marché. C'est ce qui explique la durée de leur expérience : s'ils ont obtenu la nationalisation sous contrôle ouvrier, c'est pour beaucoup grâce au soutien de la population. Je suis de plus en plus sceptique sur l'usage du terme autogestion, trop connoté autogestion du collectif de travail fermé et focalisé sur sa propre subsistance ; c'est une vision dépassée.
Aujourd'hui la problématique des biens communs me semble plus porteuse.
Le “commun ”, c'est beaucoup plus large que le collectif de travail ;
ça l'inclut mais ça l'ouvre sur l'ensemble de la société. »
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Jalons vers un monde possible, de Thomas Coutrot. Collection "L'économie encastrée", éditions Le Bord de l'eau. 200 pages, 16 €.
Au sommaire :
RÉGULER LA FINANCE, OU LA SOCIALISER ? A la rescousse de la finance ? La fusion de l’Etat et du capital financier.
Des verrous dans les têtes et dans les institutions. Les premières fissures du bloc néolibéral. La « rue » doit gouverner.
Mettre les banques sur la place publique.
PEUT-ON REPEINDRE EN VERT LE CAPITALISME ?
Les limites de la croissance. Le mirage du néolibéralisme vert. Vers un New Deal vert ? Condamnés à la croissance ? L’écologie par le marché. L’arnaque du « développement propre ». Du marché vert au plan écologique. L’instabilité du compromis social-écologique. Repenser la performance économique. Construire les biens communs.
LE TRAVAIL DÉCENT : UN BIEN COMMUN. Le travail à l’agonie. Le travail sans qualité. La mutilation du pouvoir d’agir. Faits comme des rats. Construire le travail décent comme
bien commun. Un autre monde est déjà là. Prendre le capital en tenaille. Les cinq clés
de la mobilisation.
PEUPLE, PROLÉTARIAT, SOCIETE CIVILE ? La longue marche d’un concept controversé. Face aux pouvoirs monopolisés. Du Ku Klux Klan au MLF. Post-marxisme. Société civile et démocratie. Des luttes démocratiques à la lutte populaire. Reconstruire
un imaginaire de l’émancipation.
DÉMOCRATISER l’ÉTAT : LA SOCIALISATION DE LA POLITIQUE. Election contre démocratie. Subvertir la représentation. Réhabiliter le tirage au sort. La compétence des incompétents. Construire des éléments d’intérêt général. Démocratiser la société civile.
DÉMOCRATISER L’ÉCONOMIE : LA SOCIALISATION DU MARCHÉ.
Le marché et ses vices. Abolir le marché ? La socialisation du marché. Dissocier les trois fonctions de la propriété. Deux régimes autogestionnaires… parmi d’autres.
Quelques objections classiques. Puissances de la coopération.
RÉFORMES ET RÉVOLUTIONS : LA LONGUE MARCHE DE LA SOCIÉTÉ CIVILE.
Pas de réforme sans (menace de) révolution. Illégalisme et non-violence. Accoucheuse
ou fossoyeuse ? La révolution démocratique vient de loin. La révolution en actes.
De nouveaux objets politiques.
POUR UNE RELOCALISATION COOPÉRATIVE. Autodéfense sociale. L’inflexion de Copenhague. Les rivalités éco-impérialistes. A la recherche du bouc émissaire.
Rompre avec le libre-échange. Privilégier la coopération. Changer l’Europe pour la sauver.
VERS UN SOCIALISME CIVIL.
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