Philippe Coutant s'est intéressé, notamment, aux problèmes de l'autorité en milieu militant.
En 2003, il publiait un texte sur l'autogestion et la gestion des relations et de l'autorité, inspiré des écrits de la féministe Jo Freeman, qu'il concluait ainsi : « La cohérence entre nos idées et nos actes est un objectif toujours devant nous. L’étude et le bilan de nos activités peut permettre de prendre un peu de distance de temps en temps et de ne pas reproduire toujours les mêmes erreurs.» Une conclusion-préambule à un travail de réflexion, d'échanges et de débats.
Quelques extraits :
• Distribuer l’autorité au plus grand nombre permet de ne pas encourager la monopolisation de l’autorité dans la durée. La rotation des tâches et des postes est une méthode toujours valable, malgré les difficultés que nous rencontrons pour la mettre en œuvre.
• Il est possible d’acquérir des responsabilités, même quand on n’en a jamais pris. Nous pouvons développer différentes facettes de nos compétences. Il est possible de se former pour acquérir de nouvelles capacités. L’apprentissage est normal et nécessaire. Pour apprendre, il faut du temps et parfois faire des erreurs.
• Il est possible d’éviter l’institutionnalisation et y veiller contribue à maintenir la démocratie en bon état. La question des permanents est en débat. Les anarcho-syndicalistes refusent les permanent/es, symptôme de la bureaucratisation des syndicats. La notion de permanent/e politique renvoie à celle de révolutionnaire professionnel/le et d’avant-garde, c’était la théorie léniniste du parti. La question des permanents techniques reste en discussion, nous savons qu’il n’est pas si simple de différencier les deux. Pourtant, il arrive que dans nos collectifs nous en ayons besoin et les solutions ne sont pas évidentes. En n’en discutant pas, on nie le problème, et quand nous en parlons, nous avons beaucoup de mal à trouver des solutions viables dans la durée.
• Quand on ne trouve pas de volontaire, certains groupes proposent le tirage au sort pour la distribution des responsabilités.
• Les Zapatistes ont proposé une méthode d’expression avec les mains, pour que les discussions collectives se déroulent plus démocratiquement et pas seulement avec la parole et en fonction de la distribution habituelle du pouvoir machiste. L’emploi de cette méthode permet de se sentir plus en confiance et d’être, à moyen terme, plus efficaces en donnant la parole à tout le monde, même si cela prend du temps.
• Nous ne militons pas que par altruisme, nous le faisons aussi par désir et parce que nous en avons besoin. Nous faisons de la politique aussi pour nous-mêmes, et pour de multiples raisons, raisons que, parfois, nous ignorons au niveau conscient.
• L’identification et la projection sont des phénomènes psychiques liés à notre vie sociale. Ils peuvent conduire à annihiler toute distance entre soi et le groupe. Ceci peut provoquer des drames existentiels en cas de conflit. C’est aussi ce qui explique pourquoi nous nous sentons attaqué/es personnellement, quand il y a des tensions entre les groupes ou entre les personnes militantes.
• Nos affects, nos émotions font partie de notre vie militante. Eduardo Colombo, psychanalyste et théoricien libertaire, parle des groupes politiques comme des “ chaudrons affectifs ”, où les tensions d’amour ou de désamour se portent sur la politique et l’idée libertaire, parce que c’est la définition de nos regroupements. [...] Les querelles ont, pour partie, un contenu humain et affectif.
• Autogérer les activités collectives nous confrontent à la question des figures d’autorité. Gérard Mendel, autre psychanalyste engagé dans les années 70 au côté des autogestionnaires, remarque que ceci peut provoquer une culpabilité que l’on ne comprend pas et qui s’exprime par des conflits irrationnels, en nous-mêmes et dans les groupes. C’est notre façon de nous construire face à l’autorité des parents lorsque nous sommes enfants, qui se rejoue sans que nous en ayons conscience. De plus, comme nous sommes partisan/nes de l’autogestion, c’est-à-dire de l’autonomie politique, nous ne pouvons pas accuser une instance extérieure à nous-mêmes pour rejeter la responsabilité et l’origine de nos problèmes hors de nous. C’est en interne, individuellement et collectivement que nous avons à résoudre ces difficultés.
• Distribuer l’autorité au plus grand nombre permet de ne pas encourager la monopolisation de l’autorité dans la durée. La rotation des tâches et des postes est une méthode toujours valable, malgré les difficultés que nous rencontrons pour la mettre en œuvre.
• Il est possible d’acquérir des responsabilités, même quand on n’en a jamais pris. Nous pouvons développer différentes facettes de nos compétences. Il est possible de se former pour acquérir de nouvelles capacités. L’apprentissage est normal et nécessaire. Pour apprendre, il faut du temps et parfois faire des erreurs.
• Il est possible d’éviter l’institutionnalisation et y veiller contribue à maintenir la démocratie en bon état. La question des permanents est en débat. Les anarcho-syndicalistes refusent les permanent/es, symptôme de la bureaucratisation des syndicats. La notion de permanent/e politique renvoie à celle de révolutionnaire professionnel/le et d’avant-garde, c’était la théorie léniniste du parti. La question des permanents techniques reste en discussion, nous savons qu’il n’est pas si simple de différencier les deux. Pourtant, il arrive que dans nos collectifs nous en ayons besoin et les solutions ne sont pas évidentes. En n’en discutant pas, on nie le problème, et quand nous en parlons, nous avons beaucoup de mal à trouver des solutions viables dans la durée.
• Quand on ne trouve pas de volontaire, certains groupes proposent le tirage au sort pour la distribution des responsabilités.
• Les Zapatistes ont proposé une méthode d’expression avec les mains, pour que les discussions collectives se déroulent plus démocratiquement et pas seulement avec la parole et en fonction de la distribution habituelle du pouvoir machiste. L’emploi de cette méthode permet de se sentir plus en confiance et d’être, à moyen terme, plus efficaces en donnant la parole à tout le monde, même si cela prend du temps.
• Nous ne militons pas que par altruisme, nous le faisons aussi par désir et parce que nous en avons besoin. Nous faisons de la politique aussi pour nous-mêmes, et pour de multiples raisons, raisons que, parfois, nous ignorons au niveau conscient.
• L’identification et la projection sont des phénomènes psychiques liés à notre vie sociale. Ils peuvent conduire à annihiler toute distance entre soi et le groupe. Ceci peut provoquer des drames existentiels en cas de conflit. C’est aussi ce qui explique pourquoi nous nous sentons attaqué/es personnellement, quand il y a des tensions entre les groupes ou entre les personnes militantes.
• Nos affects, nos émotions font partie de notre vie militante. Eduardo Colombo, psychanalyste et théoricien libertaire, parle des groupes politiques comme des “ chaudrons affectifs ”, où les tensions d’amour ou de désamour se portent sur la politique et l’idée libertaire, parce que c’est la définition de nos regroupements. [...] Les querelles ont, pour partie, un contenu humain et affectif.
• Autogérer les activités collectives nous confrontent à la question des figures d’autorité. Gérard Mendel, autre psychanalyste engagé dans les années 70 au côté des autogestionnaires, remarque que ceci peut provoquer une culpabilité que l’on ne comprend pas et qui s’exprime par des conflits irrationnels, en nous-mêmes et dans les groupes. C’est notre façon de nous construire face à l’autorité des parents lorsque nous sommes enfants, qui se rejoue sans que nous en ayons conscience. De plus, comme nous sommes partisan/nes de l’autogestion, c’est-à-dire de l’autonomie politique, nous ne pouvons pas accuser une instance extérieure à nous-mêmes pour rejeter la responsabilité et l’origine de nos problèmes hors de nous. C’est en interne, individuellement et collectivement que nous avons à résoudre ces difficultés.
• Il n’y a pas de garanties, jamais et nulle part. En conséquence, développer l’esprit critique est fondamental. La diffusion des résultats des sciences humaines dans l’étude du pouvoir et du comportement humain au niveau individuel et collectif est une nécessité. Ceci fait partie de la recherche/action que nous mettons en œuvre. [...] Comme le dit Sloterdijk, nous pouvons essayer de penser froid et de vivre chaud, même si ce n’est pas toujours facile. En faisant l’inverse, la vie froide nous rend déprimé/es et pas toujours très fier/ères de notre existence. »
Le très riche site de Philippe Coutant
(beaucoup de textes venant de lui ou d'autres) : ICI.
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