20/05/2009

Métamorphose du monde

2009 aura été l'année des Manifestes. En mars dernier, c'était au tour du philosophe-sociologue Edgar Morin, du politologue Pierre F. Gonod et de l'artiste Paskua de donner leur obole littéraire à ce grand mouvement de fond. Le titre est beau et contient peut-être plus de rêve et de poésie que son contenu même, dans lequel on retrouve une bonne partie des idées de Vers l'abyme de Morin (Carnets de L'Herne, 2007) et sa quête d'une "société-monde" : Manifeste pour la métamorphose du monde.

Quelques extraits :
"[...] Les grands mouvements de transformation commencent toujours de façon marginale, déviante, modeste, voire invisible. Il en a été ainsi des religions, de Bouddha, Jésus, Mahomet, du capitalisme, de la science moderne, du socialisme. Aujourd’hui l’alter-mondisme devient un terme à prendre à la lettre : l’aspiration à un autre monde.

Des centaines de propositions ont vu le jour, cela ne suffit pas à en faire un projet sociétal cohérent, alternatif, réaliste et visionnaire. C’est ce ”supplément d’âme” que nous proposons avec les “7 réformes fondatrices” d’une “Voie nouvelle” (UtopLib : pour lire les 7 réformes dans le détail, voir le lien en fin de message. Autant vous prévenir : vous risquez d’être un peu déçus).

[...] Le dégagement de la tyrannie des marchés internationaux requiert localement l’essor d’une économie plurielle. Des initiatives sont en cours, par exemple la création et l’extension des mutuelles, des coopératives de production et de distribution, les coopératives de femmes en Afrique et en Asie, le commerce de proximité de l’alimentation, le commerce équitable, des entreprises citoyennes, l’agriculture fermière et biologique, le micro-crédit, voire des monnaies locales. Toutes ces actions, au raz du sol, nées dans le système et à cause de lui, sont autant de chrysalides de la métamorphose.

Le monde crie d’inégalités et d’injustices.
Les idéaux libertaires, socialistes, communistes, ont historiquement combattu celles-ci. De nouveau l’internationalisme, mais planétaire cette fois, est à l’ordre du jour.

Nos vies sont dégradées et polluées par l’état monstrueux des relations entre les humains, individus, peuples, par l’incompréhension généralisée d’autrui, par le prosaïsme de l’existence consacrée aux taches obligatoires que ne donnent pas de satisfaction, et qui déferlent à présent dans le monde entier, par opposition à la poésie de l’existence qui est congénitale à l’amour, l’amitié, la communion, le jeu.

La réforme de vie doit nous conduire à vivre les qualités de la vie, à retrouver un sens esthétique, à travers l'art bien sûr mais également dans la relation à la nature, dans la relation au corps, et à revoir nos relations les uns aux autres, à nous inscrire dans des communautés sans perdre notre autonomie. C'est le thème de la convivialité évoqué par Illich dans les années 70.

Il existe aujourd'hui, un peu partout, des germes de cette réforme. Ils apparaissent à travers l’aspiration à une autre vie, le renoncement à une vie lucrative pour une vie d’épanouissement, les choix de vie visant à mieux vivre avec soi-même et autrui, ainsi que dans une recherche d’accord avec soi-même et le monde. Cette aspiration à vivre "autrement" se manifeste de façons multiples et l'on assiste à des recherches tâtonnantes, un peu partout recherche de la poésie de la vie, amours, fêtes, copains, raves parties.

Si on considère ensemble ces éléments qui, séparément, semblent insignifiants, il est possible de montrer que la réforme de vie est inscrite dans les possibilités de notre civilisation. Le dénominateur commun en est : la qualité prime sur la quantité, le besoin d’autonomie est lié aux besoins de communauté, la poésie de l’amour est notre vérité suprême.

Les réformes sont interdépendantes. Les réformes morale, de la pensée, de l’éducation, de civilisation, de la politique, celle de la réforme de vie s’entr’appellent les unes les autres. Par là même leurs développements créeraient une synergie, une dynamique nouvelle qui serait plus que leur somme

[...] Nous allons vers l’abîme. Mais il y a des milliards de chrysalides végétales, animales, humaines qui sont en métamorphose. Ce sont des forces immenses potentielles mais conditionnées à leur environnement. Concernant l’humanité des forces, encore virtuelles pour l’essentiel, doivent se mobiliser.

L’abîme comme la métamorphose ne sont pas fatals. [...] »

> Pour lire le (très long) texte dans sa totalité, c'est par ICI.

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