17/02/2012

Pas de fiasco chez Flaskô, entreprise autogérée

argentine
Lu sur le site de DIAL (Diffusion de
l'information sur l'Amérique latine) n°3182 -
Dossier « Entreprises récupérées ».
Article tiré de la revue argentine MU n°48
(sept 2011) réalisée par la coopérative Lavaca,
traduit par Michelle Savarieau. Extraits.

BRÉSIL
Flaskô, usine sous contrôle ouvrier
« Après huit ans d’occupation de l’usine,
la durée du travail hebdomadaire est passée à
30 heures, ils gagnent plus que les ouvriers des entreprises conventionnelles et ils ont récupéré
leur clientèle.
[...] le voyage nous conduit à Campinhas, puis
à Sumaré et on arrive dans le quartier ouvrier qui entoure l’entreprise Flaskô, Industrie d’emballages. En entrant à Flaskô on est surpris par un triple phénomène de magie : les travailleurs réunis en assemblée. 1. démontrent qu’il est possible de travailler sans patron ni gourou gestionnaire. 2. rendent viable une usine qui, lorsqu’elle était gérée par des chefs d’entreprise, n’était pas considérée comme telle. 3. Et s’en tirent bien. Et même plutôt mieux que bien. [...]

Flaskô fabrique des bidons, des barils, des récipients de toutes sortes en polyéthylène (de 20 à 200 litres) de haute densité, très légers, qui servent pour le stockage et le transport de produits chimiques, et cette usine bénéficie du contrôle qualité et de l’aide technique de l’entreprise allemande Mauser Werke. Elle vend 5000 unités par mois, fait un chiffre d’affaires de 500 000 réaux et emploie 70 ouvriers.

Le salaire minimum des travailleurs n’est jamais inférieur à 1200 réaux mensuels
[525 euros], alors qu’il est de 800 réaux [350 euros] dans les usines traditionnelles. Fernando Martins fait partie de la Commission de mobilisation : "Il y a quelques écarts de salaire en faveur de quelques ouvriers spécialisés (par exemple, de 1200 à 1700 réaux) mais jamais autant que dans les usines capitalistes".

Les décisions, y compris sur les salaires, sont prises en assemblées générales qui, une fois par mois, débattent et votent sur les sujets importants. Le quotidien est géré par le Conseil d’usine composé de 13 représentants, un pour chaque secteur, plus un coordinateur du Conseil, Pedro Santinho. L’avocat de Flaskô, Alexandre Mandl : "Nous avons fait une série d’études et d’évaluations et nous avons réussi à faire baisser la durée hebdomadaire du travail de 44 heures (horaire fixé par la loi) à 30 heures, soit 6 heures de travail par jour sans diminution de salaire. De plus, depuis que les ouvriers assurent la gestion, il n’y a pas eu d’accident du travail, pas un".

Comment arrive-t-on à travailler moins et à gagner plus ? Fernando nous explique :
"Le problème est que dans les entreprises conventionnelles, le bénéfice patronal est tellement énorme qu’il rafle tous les bénéfices, la plus-value. Alors qu’ici, les bénéfices reviennent aux travailleurs".
Flaskô est une usine qui a pris aussi d’autres initiatives, comme d’utiliser les terrains lui appartenant pour construire des logements pour la communauté. Alexandre : "60% au moins du terrain était inoccupé. Or les gens ont besoin de logements et pour nous, c’est une façon de consolider l’occupation. Nous occupons le terrain avec la communauté.
Les constructions servent au logement des travailleurs et non à la spéculation ou à la vente.
564 familles habitent ici et elles ont construit leur propre maison." [...]

Qui commande ?
[...] Pedro Santinho : "C’est en assemblée générale que fut décidée l’occupation de l’usine, juste avant Noël 2002. Même les agents de sécurité embauchés par l’entreprise ont participé au vote". Le premier janvier 2003, Lula da Silva, ex-ouvrier de la métallurgie, accédait à la présidence du Brésil. "Il nous a dit que la nationalisation sous contrôle de l’État ne faisaient pas partie de son programme mais qu’il défendait les postes de travail.
On a obtenu la session de l’usine aux travailleurs d’abord pour 30 jours puis pour une durée indéterminée". La Banque de développement économique et social du Brésil (BNDES) elle-même déclara que la meilleure solution pour ces usines-là était la nationalisation : l’État restait propriétaire des biens et les ouvriers assumaient la gestion de l’unité de production. Lula n’accepta pas cette proposition et la machine judiciaire se mit en marche jusqu’aux arrêtés d’expulsion. [...] »

> Le site de défense de Flaskô (en brésilien)
Plusieurs vidéos en portugais sur cette entreprise occupée sont visibles
sur YouTube (vous en trouverez à partir du site de Flaskô).

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